Ca, c'est redoutable de simplisme, le Front National au temps de le Pen père avait le secret de ce genre de dialectique à deux balles dont il connaissait la valeur réelle, mais aussi l'efficacité électorale.
"Quel est le contraire de la préférence nationale? ben voyons, c'est la préférence étrangère!" Sauf que ce n'est pas vrai du tout, que c'est beaucoup plus compliqué.
"A situation égale", dites-vous? Mais il n'y a pas de situation égale. Il y a une plus ou moins grande urgence sociale qui réclame que l'on attribue un logement plutôt à celui-ci qu'à celui-là. Et cette plus ou moins grande urgence sociale n'a que faire de vos critères de nationalité.
Mais évidemment, c'est tellement plus payant électoralement d'attiser le sentiment primaire et bas qu'on en fait plus pour les étrangers que pour les français. L'urgence sociale est souvent difficile à évaluer suivant un seul critère.
La vérité est qu'on ne sait pas traiter le problème de l'immigration, on le laisse pousser sauvagement dans le jardin mal entretenu de la société française, si bien qu'il y a des gens qui réagissent comme vous quand d'autres en font trop.
Un exemple vécu vaut mieux que vos caricatures. Pour les besoins d'un stage, j'avais trouvé à me loger dans un foyer strasbourgeois qui hébergeait essentiellement (mais pas exclusivement) des réfugiés en attente de l'instruction de leur demande de droit d'asile, ainsi que des "jeunes travailleurs" dont la plupart étaient ce que vous appelleriez des "cas sociaux", sortis des foyers de l'ASE et prompts à en découdre à la moindre anicroche (il y avait pas mal de filles parmi eux et pas mal de Français.
Ce foyer était une dépendance pas tout à fait officielle de "charitas"qui, entre autres, réglait intégralement les frais d'hébergement des "réfugiés du droit d'asile" (comme on les appelait), que "charitas" accompagnait pour remplir leurs dossiers et dans des rudiments d'alphabétisation, service qu'elle était seule à rendre.
Evidemment, que "charitas" ait déffrayé intégralement le foyer d'hébergement était trop en faire; seulement, ce que j'ai appris en discutant avec ceux qui tenaient le foyer était que les réfugiés en attente d'instruction de leur demande de droit d'asile n'avaient pas celui de travailler. Donc, soit quelqu'un payait pour leur assurer un minimum de ressources, soit cette loi imbécile les plongeait tout droit dans l'économie informelle, où ne demandaient qu'à les faire entrer les jeunes sortant des foyers, qui avaient plus d'un tour dans leur sac.
De même, on se plaint de l'islamisation de la france,et on croit lutter contre en interdisant aux femmes de porter le voile ou en interdisant aux croyant d'aller prier dans des lieux dignes, c'est-à-dire en favorisant un "islam des catacombes" plutôt qu'en construisant un nombre raisonnable de mosquées qui ne soient pas des mosquées cathéddrales. Mais on ne se préoccupe pas du tout d'alphabétiser les mères des enfants scolarisés dans nos écoles. Or on sait que l'adaptation à notre société française de leurs enfants dépend en grande partie de l'implication que peuvent y prendre leurs mères.
Il y aurait bien d'autres exemples de ce genre d'organisation de la société et de l'accueil des immigrés, que Marine le Pen ferait mieux de mettre en avant plutôt que de flatter les bas instincts d'électeurs comme vous, dont on voit, au niveau intellectuel, que vous n'avez pas besoin de penser comme vous le faites et que vous ne tombez dans le panneau de la contrariété entre la préférence nationale et la préférence étrangère que parce que ça ne vous déplaît pas d'y tomber.
En 2007, Jean-Marie le Pen (père) préconisait une "immigration zéro", en ajoutant que, quand on disait: "immigration zéro", c'était un peu comme quand on parlait de "plein emploi": on voulait réduire le chômage à 5 % de la population active, ici on réduirait le nombre des entrées régulières d'étrangers en france à quelques milliers plutôt qu'à une centaine de milliers.
Ceci, il l'a avoué au détour d'une phrase, pas auprès de son électorat. Le principe n'est pas mauvais. Mais ce qu'il n'a pas ajouté, de même que ne l'ajoutent pas davantage les partis qu'il appelle "immigrationnistes" et qui le sont en partie, c'est que l'important, c'est à la fois la diminution du nombre d'entrées d'étrangers (c'est vrai, on ne peut pas continuer de supporter des flux migratoires de cette ampleur sous peine de déséquilibrer la nation), mais c'est d'accueillir ceux qu'on accepte au titre du regroupement familial, de l'asile politique et ceux dont on accepte que les enfants soient scolarisés en croisant les fichiers de l'école et du ministère de l'intérieur, pas pour mettre sans raison dehors des étrangers qui ne se sont rendus coupables d'aucun délit, mais pour leur suggérer fortement une véritable intégration dont certaines modalités soient obligatoires, dont la principale est l'apprentissage du français.
Vous voyez, vous avez une vision idéoologique intraitable, pas moi.