C'est simple et c'est mal formulé. La xénophobie, ça devrait signifier "la peur de l'étranger". Mais, par un détournement qui tient à mon sens à ce qu'on n'a pas trouvé l'équivalent de "haine" en grec pour en faire un suffixe adaptable au français (que les linguistes me détrompent s'il y aurait possibilité de suppléer à "phobie"), les termes terminés par ce suffixe ont mû la peur en haine, et la xénophobie désigne maintenant "la haine de l'étranger".
Dites-moi si les exemples de maltraitance que j'ai donnée ne relèvent pas de la "haine de l'étranger" et si ceux au contraire de vigilance de la souveraineté nationale que je vous ai proposés ne relèvent pas de la politique, en dehors de tout sentimentalisme, bien que je soutienne qu'on ne peut pas faire de bonne politique sans de bons sentiments et qu'il y a un sens politique, qui doit autant que possible s'éclairer à la lueur du sentiment humain.
Quant à ce que vous dites du concile, je suis à la fois d'accord et pas d'accord avec vous.
Ce qui me frappe dans le style des textes conciliaires, c'est qu'ils sont rédigés dans un style tout aussi alambiqué que le magistère antérieur (en cela, ils ne sont pas modernes), pour exprimer en termes définitifs des contradictions qui agitent notre conscience et notre coeur, en matière de foi. Les textes du concile exposent plus souvent les deux termes de la dualité qu'ils n'en apportent pas la solution dialectique, peut-être parce que la solution n'est pas accessible à notre "coeur complexe" et à notre intelligence paradoxale.
L'exemple du salut que vous prenez est particulièrement bien choisi. Si nous n'avons pas trop mauvais coeur, nous avons tous l'espérance du salut pour chaque être que nous croisons et que nous pardonnons, fût-il notre pire ennemi, dont le Seigneur nous a recommandé l'amour. Nous ne saurions lui souhaiter les flammes de l'enfer. L'enfer nous fait physiquement peur et moralement horreur. Notre foi optative souhaite que dieu nous arrache tous à la damnation. Notre foi orante croit que dieu a le pouvoir de sauver tout ce qu'Il a créé. Mais notre foi objective ne nous le dit pas. Elle semble même nous assurer le contraire en soumettant au minimum notre rédemption à un acte volontaire d'adhésion de notre part. Pour un peu, nous croirions avoir meilleur coeur que dieu, que saint-Jean nous dit pourtant "plus grand que notre coeur", nous nous perdons dans cet abîme qu'est la peur et l'horreur de l'enfer. Nous voici dans une aporie.
Or il est arrivé que le magistère s'est approché de la forme aporétique de notre esprit en n'anathématisant ni ne condamnant plus. Pour ce que, nous dit-on, il avait trop condamné durant les siècles qui précédèrent, et en particulier durant les cinquante premières années du vingtième siècle, qui l'avait rendu incapable de s'adapter à l'aconfessionalisation des etats modernes, , ainsi qu'à nos états d'esprit ou mentalités, qui étaient devenues moins belliqueuses et plus conciliantes. Si bien qu'on a pu confonndre l'esprit conciliaire avec un esprit de conciliation, d'autant que cette intention était affichée par "l'immense courant de sympathie" dont parlait le Saint-Père.
N'étant plus condamnés, certains en vinrent à se demander si le magistère ne tombait pas dans l'émolience du diable en refusant que son "oui" soit "oui" et que son "non" soit "non". Les Pères du concile voulaient tempérer un excès de nonisme qui leur paraissait peu refléter ce christ dont Saint-Paul nous disait qu'"IL N'ETAIT QUE OUI", était-ce seulement à la volonté du Père? Or le magistère, refusant de résoudre les contradictions de la conscience croyante, fut peut-être pénétré de cet autre vérité que le "oui" ou le "non" sont moins d'ordre dogmatique qu'ils ne sont d'ordre à la fois éthique et mystique. Au reste, sur le plan éthique, le magistère corrigea son relativisme supposé très peu d'années après le concile. Mais sur le plan mystique, l'"esprit du concile" laissa planer l'idée que la foi pouvait s'accommoder d'un certain flottement. Vous ai-je répondu en esprit faux?
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