on a coutume de dire que les orthodoxes ont maintenu la succession apostolique, mais comment en être certain ? Comme vous l'écrivez fort bien, il est de foi que la succession apostolique a prévalu dans l'Eglise catholique, mais quid du monde orthodoxe sur lequel Rome ne pouvait pas exercer de contrôle ? Qui nous dit qu'un jour des changements invalidants n'ont pas eu lieu dans la matière et/ou la forme du sacrement ?
Il est correct de dire que la garantie de l'infaillibilité et de l'assistance du Saint-Esprit dont jouit l'Église catholique ne s'étend pas aux communautés hérétiques et schismatiques qui se sont séparées d'elle.
Et de fait ces communautés orientales ont innové sur plusieurs points, en se démarquant de l'Écriture et de la Tradition, même apostolique, sur des points de foi et de moeurs (ecclésiologie, négation de l'
analogia entis, célibat, divorce).
Mais à ma connaissance il n'y a pas eu de divergence dogmatique majeure concernant le sacrement de l'ordre qui ait pu avoir une incidence sur la validité, et c'est sur ce point rassurant (et ce malgré la faiblesse générale de la théologie sacramentelle orientale).
Je ne connais pas non plus de cas de ré-ordination ou re-sacre sous condition d'un évêque photien.
Mais il faudrait creuser la question.
Il n'en va pas de même pour certaines autres sectes orientales, les Coptes p.ex. ou certains Syriaques qui ont innové davantage.
Ainsi, il existe deux rituels de baptême coptes, un plus long, de tendance trithéïste (selon Renaudot dans Denzinger,
Ritus Orientalium in administrandis Sacramentis) et n'appliquant pas la forme à la matière, et pour cela sûrement invalide, et un plus court, qui reprend la forme traditionnelle. Vous imaginez à moyen et long terme l'effet catastrophique d'un rituel de baptême invalide pour les autres sacrements, vu que ce fameux rituel plus long est apparemment utilisé de façon préférée chez les Monophysites.
C'est ainsi que le synode copte de l'Union avec Rome de 1895-1898 décréta le re-baptême sous condition de tout Copte revenant à l'unité de l'Église, ce qui s'est fait régulièrement jusqu'après le Vatican d'Eux. (Lire G. Giamberardini,
La Réitération du baptême des coptes qui reviennent à l'unité catholique, dans
Proche-Orient Chrétien 2 (1952) p. 214-242; 3 (1953), p. 119-144, 306-322.)
Je sais bien que l'église conciliaire en est revenu, au plus grand dam des Coptes se croyant catholiques, mais c'est sans importance, il suffit de voir ce qui se passe avec certains baptêmes, en Amérique p.ex. dont e.a. Chicoutimi a fait état ici, reconnus désormais comme invalides même par eux, pour connaître le niveau pitoyable de la théologie sacramentelle chez les conciliaires.
Je n'ai pas le temps pour approfondir en ce moment, ce serait intéressant (pour les anaphores invalides de certains Syriaques, on en a parlé déjà ici).