Votre explication est certes intéressante, mais n’est-elle pas partielle ?

Il pourrait sembler que vous limitez l’intérêt de la peine de mort à la légitime défense.

Or cet aspect est utilisé seul pour soutenir que l’homme qui, sous certaines conditions, tue en se défendant n’est pas coupable de meurtre (dans les paragraphes suivants du catéchisme).

L’infliction de la mort au criminel, en revanche, recouvre deux buts : la défense de la société et des innocents, certes, mais aussi le châtiment du coupable « en réprimant l’audace et l’injustice par les supplices. C’est ce qui faisait dire à David 5: « Dès le matin je songeais à exterminer tous les coupables, pour retrancher de la cité de Dieu les artisans d’iniquité ».
Sur le premier point, la défense de la société et des innocents, le Saint Père estime que, désormais, « s’est répandue une nouvelle compréhension du sens de sanctions pénales de la part de l’État. On a également mis au point des systèmes de détention plus efficaces pour garantir la sécurité à laquelle les citoyens ont droit, et qui n’enlèvent pas définitivement au coupable la possibilité de se repentir ».
En affirmant cette nouvelle compréhension du sens des sanctions pénales, il prend parti dans un débat sociétal qui, mondialement, n’est pas encore résolu (si l’on tient compte, par exemple, de la population des États qui ont maintenu la peine de mort dans leur arsenal juridique).
Sa considération sur l’efficacité des systèmes de détention, second point, substitue sa propre appréciation à celle des gouvernements légitimes qui sont responsables devant Dieu des résultats de leur administration.
Oserais-je ajouter que cette immixtion est peu compatible avec la nouvelle conception de la séparation de l’Église et de l’État, qui découle du sacro-saint second concile du Vatican?

Pour ce qui concerne le juste châtiment du coupable, le catéchisme réformé à la suite dudit concile l’avait déjà passé sous silence.

Il en résulte que l’interdiction absolue de la peine de mort prononcée par l’actuel Souverain Pontife constitue une rupture avec l’enseignement antérieur de l’Église, déjà édulcoré après ledit concile, en ce qu’elle prohibe sans exception ce qui jusque-là était admis par exception.
On peut également relever que cette censure ne se fonde pas sur les Saintes Écritures ou sur la Tradition (ce qui serait difficile) mais sur l’esprit du temps.

Pour admettre l’absence de rupture, il faudrait sans doute pouvoir soutenir que l’interdiction absolue a toujours été le principe et que seules les circonstances d’époques révolues ont conduit à ce qui ne serait alors qu’une compromission mondaine des préceptes évangéliques.

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