Vous avez raison, cher Ion, lorsque vous affirmez que la doctrine n’a pas changé par rapport au CEC d’avant. Le principe était et demeure celui du rejet de la peine de mort. Ce qui change, c’est l’appréciation concernant l’exception, à savoir la possibilité d’avoir malgré tout recours à la peine de mort lorsque celle-ci s’avère nécessaire pour assurer la sécurité des citoyens.
Ce n’est pas la légitimé de cette exception qui est remise en cause, mais son applicabilité à l’heure actuelle. François considère visiblement qu’avec « les systèmes de détention plus efficaces pour garantir la sécurité à laquelle les citoyens ont droit » l’invocation de cette exception n’est plus justifiée.
Cependant, une telle appréciation me semble excéder le domaine de l’autorité magistérielle pour empiéter sur celui du pouvoir temporel, ce d’autant plus qu’il ne s’agit que d’une appréciation conjoncturelle et circonstancielle, pour ne pas dire technique (l’efficacité supposée des systèmes de détention….actuels).
En effet, le Pape n’a pas d’autorité, ni même, à vrai dire, de compétence particulière, pour porter une appréciation opposable erga omnes sur l’efficacité du système pénitentiaire et des mesures de sécurité existant dans un pays donné… Cette prérogative, qui nécessite une certaine expertise, relève du pouvoir temporel.
En conséquence, dès lors que l’Eglise admet que l’exception de sécurité peut justifier le recours à la peine de mort, elle ne saurait prétendre substituer autoritairement son appréciation à celles des autorités politiques concernant l’applicabilité ou non de cette exception dans des circonstances données…
Elle ne le fait d’ailleurs pas, en réalité, puisque les nouvelles dispositions du CEC se bornent à indiquer que l’Eglise « s’engage de façon déterminée, en vue de son abolition partout dans le monde », ce qui n’est pas une nouveauté !
La peine de mort n’est pas non plus interdite. Elle est certes décrite comme « inhumaine » et « inadmissible », mais n’est-ce pas aussi le cas de la guerre qui pourtant est autorisée (tolérée ?) au titre de la légitime défense par l’Eglise ?
En somme, on peut parfaitement être catholique et continuer de penser que bien qu’ « inhumaine » et normalement « inadmissible », la peine de mort reste irremplaçable dans certains cas particuliers pour des motifs de sécurité. L’Eglise ne saurait –et ne prétend pas, si on y regarde bien- imposer avec autorité magistérielle une quelconque appréciation contraire en la matière.
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