J’ai évidemment répondu à la question des partisans cachés de la Réforme à l’époque de Paul IV en vous expliquant qu’aussi cachés ou « larvés » qu’ils aient pu être, ils n’auraient pas pu mettre en œuvre la Réforme, lorsqu’ils auraient décidé de le faire, sans que cela soit notoire, compte tenu des bouleversements qu’elle aurait entraînés (sola scriptura, remise en cause de la dévotion mariale, du culte des saints etc.).
Voilà pourquoi Cum ex, qui vise le protestantisme et donne un « droit de résistance » à l’Eglise universelle et notamment aux fidèles, ne s’appesantit pas sur la question de savoir qui a l’autorité pour désigner l’hérésie. Cette question en effet ne se posait pas vraiment, car la « Réforme » est visible.
Enfin, j’en reviens à l’évanescence de votre propos concernant le problème du libre examen entachant la thèse sédévacantiste.
Vous tentez d’écarter cette accusation en insinuant que Cum ex aurait bel et bien confié à chaque fidèle la tâche d’être le gardien de la foi et même le juge de son Pape, celui-ci pouvant décider, pour lui-même, que le Pape a perdu son office en raison d’une hérésie qu’il aurait décelée.
Le problème, c’est que Cum ex ne dit rien de tel. Cette bulle confie certes à tous un droit de résistance à l’hérésie, mais elle ne confère pas à chaque fidèle le droit de déterminer l’hérésie et de juger son Pape. Nulle part ne trouverez-vous un passage confiant un tel pouvoir…
Bien au contraire, Paul IV dénonce expressément dans cette Bulle ceux qui sont « confiants en leurs propres lumières »…c’est-à-dire le libre examen, le libre arbitre en matière de foi !
C’est donc dénaturer le texte que de prétendre que Paul IV aurait confié à tous les fidèles le droit d’être juge de leur Pape, de leur Evêque ou de leur curé…
La vison que Paul IV a des fidèles est en effet bien différente et conforme à l’époque. Il s’agit de les protéger, de les guider et de les instruire (« la vigilance doit être entière et attentive, pour que les faux prophètes, ou même d'autres hommes, revêtus d'une juridiction séculière, ne puissent prendre lamentablement dans leurs filets les âmes simples et entraîner avec eux à la perdition et à la ruine de la damnation les peuples innombrables confiés à leur soin et à leur direction, au spirituel comme au temporel » ; « les Évêques, Archevêques, Patriarches, Primats, Cardinaux, Légats, Comtes, Barons, Marquis, Ducs, Rois et Empereurs, chargés d'instruire les autres et leur donner le bon exemple pour les garder dans la foi catholique »).
Certainement pas de confier à chacun une juridiction individuelle en matière de foi !
Comment d’ailleurs Paul IV aurait-il pu sérieusement envisager de confier à tout fidèle ce qui avait été refusé par principe à Luther : le droit de juger son Pape, la validité de ses enseignements ?
Comment penser que pour lutter contre le protestantisme, Paul IV aurait institué le libre examen protestant au sein de l’Eglise catholique ?
Comment imaginer que Paul IV, qui s’oppose à ceux qui veulent « déchirer l'unité de l'Eglise catholique et la tunique sans couture du Seigneur », s’en remettent ainsi à la subjectivité de chacun, alors même que l’exacerbation des subjectivités conduit toujours à la division et au « tous contre tous ».
La thèse est folle…
Aussi, les sédévacantistes ne sont pas crédibles lorsqu’ils tentent d’exploiter les « failles », ou plus exactement les non-dits, de Cum ex. pour prétendre que le fidèle a le droit de refuser de reconnaître un Pape, s’il le « juge » hérétique…