Concernant La Porte Latine, Chiesa, Sandro Magister et Radaelli par Meneau 2013-02-21 14:12:52 |
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Concernant ceci :
La porte latine se fait l'écho d'un texte d'un certain radaelli qui doit aimer le scandale, accusant le Magistère de contenir l'hérésie.
Il a étudié théologie, philosophie et histoire à la Faculté de Théologie de Milan et à l’Université Catholique du Sacré Coeur. En 1967, il a obtenu sa licence en théologie.
Il est journaliste. Il écrit pour l’hebdomadaire “l’Espresso”. Il est spécialiste de l’information religieuse, en particulier de l’Église catholique et du Vatican.
Il est l’auteur de deux livres sur l’histoire politique de l’Église catholique: “La politica vaticana e l’Italia 1943-1978” [La politique du Vatican et l’Italie, 1943-1978], Rome, 1979, et “Chiesa extraparlamentare. Il trionfo del pulpito nell’età postdemocristiana” [“L’Église extraparlementaire. Le triomphe de la chaire dans l’ère postdémocrate-chrétienne”], Naples, 2001.
Il a supervisé en 2008, 2009 et 2010 la publication en un volume des homélies de Benoît XVI pour l'année liturgique correspondante, aux éditions Libri Scheiwiller.
Depuis 2010 il est consultant à la direction des programmes de TV 2000, la chaîne de télévision de la conférence des évêques d’Italie
Première question : Est-il admissible que le développement d’une doctrine de foi ou proche de la foi déjà définie soit faux ?
Cher père Cavalcoli, en vérité vous auriez bien voulu dire : "Il n’est pas admissible que le développement d’une doctrine de foi ou proche de la foi déjà définie soit faux". Et pourtant la réponse est : oui, ce développement peut être faux, parce qu’une prémisse vraie ne conduit pas nécessairement à une conclusion vraie ; elle peut également conduire à une ou plusieurs conclusions fausses. C’est ainsi que tous les conciles du monde – y compris les conciles dogmatiques – ont donné lieu, justement en raison de cette possibilité, à la confrontation des opinions les plus contradictoires. Pour obtenir le développement en continuité des vérités révélées par grâce que l’on espère, il ne suffit pas d’être théologien, évêque, cardinal ou pape. Il faut demander l’aide spéciale, divine, que le Saint-Esprit ne donne qu’aux conciles qui, leur caractère dogmatique ayant été proclamé solennellement et indiscutablement dès leur ouverture, se sont formellement assuré cette aide divine. Dans ces cas surnaturels, le développement donné à la doctrine surnaturelle sera garanti comme véridique autant que ses prémisses ont déjà été divinement garanties comme véridiques.
Cela n’a pas été le cas au dernier concile, dont le caractère strictement pastoral a été formellement affirmé à trois reprises au moins : à son ouverture, qui est ce qui compte, puis à l’ouverture de sa seconde session et enfin à sa clôture. Voilà pourquoi, dans cette assemblée, on a parfois pu, à partir de prémisses vraies, aboutir aussi à des conclusions au moins discutables (à des conclusions qui, canoniquement parlant, rentrent dans le IIIe degré de contrainte magistérielle, celui qui, traitant des questions à caractère moral, pastoral ou juridique, demande uniquement le "respect religieux") quand elles n’étaient pas "carrément erronées", comme le père Cavalcoli lui-même le reconnaît, en contradiction avec sa thèse principale, "et en tout cas pas infaillibles", et qui, par conséquent, "peuvent également être modifiées", de sorte que, même si, malheureusement, elles ne lient pas formellement mais "seulement" moralement le pasteur qui les enseigne, même dans les cas de création incertaine, providentiellement elles n’impliquent pas obligatoirement l’obéissance des fidèles.
Par ailleurs, si à des degrés différents de magistère on ne fait pas correspondre des degrés différents d’assentiment des fidèles, on ne comprend pas à quoi servent les différents degrés de magistère. Les différents degrés de magistère sont dus aux différents degrés de proximité de connaissance qu’ils ont avec la réalité première, avec la réalité divine révélée à laquelle ils se réfèrent, et il est évident que les doctrines révélées directement par Dieu requièrent un respect totalement contraignant (Ier degré), ainsi que les doctrines connexes à celles-ci si elles sont présentées à travers des définitions dogmatiques ou des actes définitifs (IIe degré). Aussi bien les premières que les secondes se distinguent des autres doctrines qui, ne pouvant appartenir au premier groupe, pourront être incluses dans le second seulement lorsque l’on aura déterminé par des arguments nombreux, prudents, clairs et irréfutables leur connexion intime, directe et évidente avec celui-ci dans le respect le plus total du principe énoncé par Vincent de Lérins ("quod semper, quod ubique, quod ab omnibus creditum est"), garantissant ainsi au fidèle qu’elles se trouvent elles aussi en présence de la connaissance la plus proche de Dieu. Tout cela, comme on peut le comprendre, ne peut être obtenu que dans l’exercice le plus conscient, le plus voulu et le plus demandé par et sur l’Église du "munus", du magistère dogmatique.
La différence entre les doctrines de Ier et IIe degré et celles de IIIe degré est indiquée par le caractère certainement surnaturel des premières, caractère qui au contraire n’est pas garanti dans le troisième groupe : peut-être existe-t-il, mais peut-être aussi n’existe-t-il pas. Ce qui doit être retenu, c’est que le "munus" dogmatique est : 1) un don divin, donc 2) un don qui doit être demandé expressément et 3) un don qui, s’il n’est pas demandé, n’offre aucune garantie de vérité absolue, ce manque de garantie dégageant le magistère de toute obligation d’exactitude et les fidèles de toute obligation d’obéissance, tout en leur demandant le respect religieux. Dans le IIIe degré il pourrait y avoir des indications et des conjectures de souche naturaliste, et l’examen permettant de vérifier si, une fois épurées d’éventuelles contaminations microbiennes, elles peuvent être élevées au degré surnaturel, ne peut être réalisé qu’en les soumettant au feu dogmatique : la paille brûlera, mais le fer divin, s’il y en a, resplendira certainement de tout son éclat.
(...)
Deuxième question : Le nouveau domaine dogmatique peut-il être en contradiction avec l’ancien ?
Évidemment non, il ne le peut en aucune manière. En effet, après Vatican II, nous n’avons aucun "nouveau domaine dogmatique", selon l’expression du père Cavalcoli, même si beaucoup de gens voudraient faire passer pour tel les nouveautés conciliaires et postconciliaires, alors que Vatican II est un "domaine pastoral" simple tout en étant solennel et extraordinaire. Aucun des documents évoqués par dom Basile Valuet dans sa note 5 n’attribue au concile une autorité plus grande que celle dont il a été investi dès le début : rien d’autre qu’une assemblée “pastorale” solennelle et universelle, c’est-à-dire œcuménique, qui s’était donné comme objectif d’apporter au monde quelques indications uniquement pastorales, se refusant clairement et ostensiblement à donner des définitions dogmatiques ou à lancer des anathèmes.
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Malgré ces faits et leur gravité, on ne peut encore parler en aucune manière de rupture : l’Église est "tous les jours" sous la divine garantie donnée par le Christ dans les promesses qui figurent en Matthieu 16, 18 ("Portæ inferi non prævalebunt") et Matthieu 28, 20 ("Ego vobiscum sum omnibus diebus"), ce qui la met métaphysiquement à l’abri de toute crainte à cet égard, même si le danger est toujours à nos portes et s’il y a souvent des tentatives en cours. Mais ceux qui affirment qu’une rupture a eu lieu – ce que font certains des leaders précédemment cités, mais également les sédévacantistes – tombe dans le naturalisme.
Toutefois on ne peut pas non plus parler de permanence, c’est-à-dire de continuité avec la Tradition, parce que tout le monde peut constater que les doctrines les plus diverses qui sont nées du concile et après lui – ecclésiologie ; panœcuménisme ; rapports avec les autres religions ; similitude du Dieu adoré par les chrétiens, par les juifs et par les musulmans ; correction de la “doctrine du remplacement” de la Synagogue par l’Église en “doctrine des deux saluts parallèles” ; unicité des sources de la Révélation ; liberté religieuse ; anthropologie anthropocentrique et non pas théocentrique ; iconoclasme ; ou celle dont est issu le "Novus Ordo Missæ" au lieu du rite grégorien (aujourd’hui remis à côté du premier, mais dans une position subordonnée) – sont toutes des doctrines qui, prises une par une, ne soutiendraient pas l’épreuve du feu du dogme, si l’on avait le courage d’essayer de les présenter comme dogmes : feu qui consiste à leur donner une substance théologique par une demande précise d’aide du Saint-Esprit, comme ce fut le cas en son temps pour le "corpus theologicum" sur lequel reposent l’Immaculée Conception ou l’Assomption de la Vierge Marie.
Ces doctrines fragiles sont vivantes uniquement parce qu’aucune barrière dogmatique n’est dressée pour empêcher leur conception et leur utilisation. Mais ensuite on leur attribue une fausse continuité avec le dogme pour essayer d’obtenir en leur faveur l’assentiment de foi nécessaire à l’unité et à la continuité (cf. les pages 70 et suivantes, 205 et 284 de mon livre cité ci-dessus "La beauté qui nous sauve") et, de ce fait, elles restent toutes sur une dangereuse et "fragile frontière entre continuité et discontinuité" (p. 49), mais toujours en deçà de la limite dogmatique qui déterminerait en effet leur fin si on l’appliquait. Même l’affirmation selon laquelle il y a continuité entre ces doctrines et la Tradition pèche, à mon avis, par naturalisme.
(...)
Ce qui est perpétré dans l’Église depuis cinquante ans, selon moi, c’est un amalgame recherché entre continuité et rupture. C’est le gouvernement étudié des idées et des intentions fausses en lequel l’Église s’est changée sans la changer, sous le couvert (ce que Mgr Gherardini a clairement montré dans ses derniers livres) d’un magistère volontairement suspendu – à partir du discours d’ouverture du concile "Gaudet mater ecclesia" – sous une forme pas du tout naturelle et complètement inventée, qualifiée, avec une imprécision théologique recherchée, de “pastorale”. L’Église s’est vidée des doctrines peu ou pas adaptées à l’œcuménisme et pour cette raison mal vues par les leaders d’opinion cités plus haut et elle s’est remplie de leurs idées œcuméniques. Cela s’est fait sans toucher en aucune manière à leur forme métaphysique, qui est dogmatique par nature (cf. p. 62), c’est-à-dire surnaturelle par nature, mais en travaillant uniquement sur ce domaine de son magistère qui agit uniquement sur sa "conservation historique".
Autrement dit, il n’y a pas de rupture formelle et d’ailleurs pas non plus de continuité formelle, uniquement parce que les papes des cinquante dernières années se refusent à ratifier sous la forme dogmatique de IIe degré les doctrines de IIIe degré qui, sous leur pontificat, dévastent et vident l’Église (cf. p. 285). Cela veut dire que, de cette façon, l’Église n’équilibre plus la vérité, mais qu’elle ne la perd pas non plus, parce que les papes, même à l’occasion d’un concile, se sont formellement refusé aussi bien à élever au rang de dogmes les nouvelles doctrines qu’à frapper d’anathème les doctrines antérieures, même si celles-ci étaient déconsidérées (ou corrigées ou manipulées).
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