Contrairement à ce que l'on croit, l'idée d'un droit publique à la liberté religieuse n'est pas apparue pour la première fois dans le magistère en 1965.
Déjà Pie XI en 1937 dans sa célèbre encyclique Mit brennender Sorge où il condamne le nazisme, propose une doctrine de la liberté religieuse qui marque une évolution par rapport à l'enseignement des papes du XIXème siècle.
Un passage, que je reproduis ci-dessous, a attiré l'attention des théologiens. Lorsque Pie XI évoque le droit naturel de "l'homme croyant" à la liberté religieuse, envisage-t-il seulement le droit du catholique ou des croyants en général ?
L'expression assez étrange et inhabituelle d'"homme croyant" semble indiquer que ce sont les personnes de toutes confessions qu'il a en vue, et notamment les juifs qui étaient les premiers touchés et concernés par les persécutions nazies. De plus, lorsque le pape évoque la foi des parents, il ne dit pas LA foi mais LEUR foi. On y a vu (sans que cela fût démenti par le magistère) la volonté d'indiquer que la foi des parents peut ne pas être la foi véritable mais qu'elle n'en possède pas moins le droit d'être professée et vécue librement.
Nous savons que chaque mot d'une encyclique est pesé, réfléchi, soumis à l'examen de différents experts. Si le pape n'avait envisagé que les catholiques dans ce passage, il ne se serait jamais exprimé de cette manière. De nombreux protestants allemands en 1937 se sont considérés englobés dans cet "homme croyant" et, encore une fois, le magistère romain (qui à l'époque était vigilant à ne pas laisser circuler de fausses interprétations de ses documents officiels) n'a jamais démenti cette lecture de l'encyclique.
(...) l'homme, en tant que personne, possède des droits qu'il tient de Dieu et qui doivent demeurer vis-à-vis de la collectivité hors de toute atteinte qui tendrait à les nier, à les abolir ou à les négliger.
Mépriser cette vérité, c'est oublier que le véritable bien commun est déterminé et reconnu, en dernière analyse, par la nature de l'homme, qui équilibre harmonieusement droits personnels et obligations sociales, et par le but de la société, déterminé aussi par cette même nature humaine. La société est voulue par le Créateur comme le moyen d'amener à leur plein développement les dispositions individuelles et les avantages sociaux que chacun, donnant et recevant tour à tour, doit faire valoir pour son bien et celui des autres. Quant aux valeurs plus générales et plus hautes, que seule la collectivité, et non plus les individus isolés, peut réaliser, elles aussi en définitive sont, par le Créateur, voulues pour l'homme, pour son plein épanouissement naturel et surnaturel et l'achèvement de sa perfection. S'écarter de cet ordre, c'est ébranler les colonnes sur lesquelles repose la société, et donc compromettre la tranquillité, la sécurité et l'existence même de la société.
L’homme croyant a un droit inaliénable à professer sa foi et à la vivre comme elle veut être vécue. Des lois qui étouffent ou rendent difficile la profession et la pratique de cette foi sont en contradiction avec le droit naturel.
Des parents sérieux, conscients de leur devoir d'éducateurs, ont un droit primordial à régler l'éducation des enfants que Dieu leur a donnés, dans l'esprit de LEUR foi, en accord avec ses principes et ses prescriptions. Des lois ou d'autres mesures qui éliminent dans les questions scolaires cette libre volonté des parents, fondée sur le Droit Naturel ou qui la rendent inefficace par la menace ou la contrainte, sont en contradiction avec le Droit Naturel et sont foncièrement immorales.
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