Absoluement par Praecantor 2012-05-18 16:26:31 |
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Les documents magistériels les plus récents donnent la seule bonne clef de lecture possible de LG16 et CEC 1281 (dans sa version corrigée après 1992).
Cela n'empêche pas certains théologiens d'avoir pignon sur rue et d'enseigner le contraire.
Le num. 1281 du CEC ne peut être correctement interprété qu'à la lumière des num. 634 et 635 :
634 "La Bonne Nouvelle a été également annoncée aux morts ..." (1P 4,6). La descente aux enfers est l'accomplissement, jusqu'à la plénitude, de l'annonce évangélique du salut. Elle est la phase ultime de la mission messianique de Jésus, phase condensée dans le temps mais immensément vaste dans sa signification réelle d'extension de l'oeuvre rédemptrice à tous les hommes de tous les temps et de tous les lieux, car tous ceux qui sont sauvés ont été rendus participants de la Rédemption.
635 Le Christ est donc descendu dans la profondeur de la mort (cf. Mt 12,24 Rm 10,7 Ep 4,9) afin que "les morts entendent la voix du Fils de l'Homme et que ceux qui l'auront entendue vivent" (Jn 5,25). Jésus, "le Prince de la vie" (Ac 3,15), a "réduit à l'impuissance, par sa mort, celui qui a la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable, et a affranchi tous ceux qui leur vie entière, étaient tenus en esclavage par la crainte de la mort" (He 2,14-15). Désormais le Christ ressuscité "détient la clef de la mort et de l'Hadès" (Ap 1,18) et "au Nom de Jésus tout genou fléchit au ciel, sur terre et aux enfers" (Ph 2,10).
Un grand silence régne aujourd'hui sur la terre, un grand silence et une grande solitude. Un grand silence parce que le Roi dort. La terre a tremblé et s'est calmée parce que Dieu s'est endormi dans la chair et qu'il est allé réveiller ceux qui dormaient depuis des siècles ... Il va chercher Adam, notre premier Père, la brebis perdue. Il veut aller visiter tous ceux qui sont assis dans les ténèbres et à l'ombre de la mort. Il va pour délivrer de leurs douleurs Adam dans les liens et Eve, captive avec lui, lui qui est en même temps leur Dieu et leur Fils ... 'Je suis ton Dieu, et à cause de toi je suis devenu ton Fils. Lève-toi, toi qui dormais, car je ne t'ai pas créé pour que tu séjournes ici enchaîné dans l'enfer. Relève-toi d'entre les morts, je suis la Vie des morts' (Ancienne homélie pour le Samedi Saint).
le Concile Vatican II s'est contenté d'affirmer que Dieu la donne « par des voies connues de lui ».83 La théologie cherche à approfondir cette idée. Ce travail théologique doit être encouragé, parce qu'il sert sans aucun doute à une meilleure compréhension des desseins salvifiques de Dieu et des formes de leur réalisation. Cependant, d'après ce qui a été rappelé jusqu'ici sur la médiation de Jésus-Christ et sur la « relation singulière et unique »84 entre l'Église et le Royaume de Dieu parmi les hommes — qui est en substance le Royaume du Christ sauveur universel —, il serait clairement contraire à la foi catholique de considérer l'Église comme un chemin de salut parmi d'autres. Les autres religions seraient complémentaires à l'Église, lui seraient même substantiellement équivalentes, bien que convergeant avec elle vers le Royaume eschatologique de Dieu.
« Il ne suffit pas de dire, à juste titre, que nous ne devons pas relativiser la foi chrétienne et affirmer l'universelle médiation du Christ, encore faut-il en tirer les conséquences c'est-à-dire, en Église, recevoir un visage du Christ qui nous vient précisément de cette médiation universelle dans les cultures et les religions. » (p. 126)
«Puisque la médiation salvifique s'exerce dans l'islam, et que les chrétiens ne peuvent prétendre tout connaître du Christ qui dépasse les frontières des religions, les chrétiens doivent recevoir aussi le Christ de l'islam. Que signifie recevoir le Christ de l'islam? Certainement, recevoir avec bienveillance ce que le Coran dit du Christ : « je suis sûr que le Christ du Coran a quelque chose à voir avec celui de notre foi ». Il faut aussi recevoir ce que l'islam vécu nous fait mieux comprendre du Christ : « pour enrichir notre connaissance partielle du moment, nous avons besoin de ce que l'autre peut y ajouter par ce qu'il est, ce qu'il fait, ce qu'il croit » (Christian de Chergé, « L’invincible espérance, p. 174)
Mais pour pouvoir recevoir le Christ aussi d'une autre tradition religieuse, il faut accepter de vivre le mystère pascal dans la compréhension que nous avons du Christ: Comme les apôtres, il faut accepter de perdre le Christ, la connaissance que nous en avons et Le retrouver.
« II nous faut perdre le Christ, Le laisser mourir dans l'humanité tellement nôtre dont nous l'avons revêtu et parfois maquillé, pour le laisser renaître, autre et identique, dans ce surcroît d'humanité où notre place est marquée, celle de l'autre aussi » (Christian de Chergé, Correspondance avec un ami, lettre du 7 juillet 81).
Notre connaissance du Christ est partielle, si elle est absolutisée elle devient enfermante.
« Pour entrer en vérité dans le dialogue, il nous faudra accepter, au nom du Christ, que l'islam ait quelque chose à nous dire de la part du Christ » (Christian de Chergé, Correspondance avec un ami, lettre du 12 juin 82)
“L’Islam constitue une réponse mystérieuse de la grâce à la prière d’Abraham pour Ismaël et les Arabes” auxquels “Dieu a donné le Coran en signe de bénédiction” (Parole donnée, Paris, Seuil, rééd. 1983, p.267).
“Jusqu’à Massignon, le christianisme cherchait à convertir. Lui préconise une attitude de compassion-substitution... Pour lui, l’Islam est non seulement une vraie religion, avec ses saints (Hallaj, Salmân,...), mais une religion vraie qui a sa place dans l’histoire de la Révélation” (Louis Massignon et l’Islam, coll. Témoignages et documents n° 2, Institut Français, Damas, 1993, p.28.95).
En 1988, l'une des salles du monastère, donnant sur la rue, leur est prêtée [aux Musulmans] pour en faire leur mosquée. Dès lors se noue ici un double appel à la prière celui du muezzin et celui des cloches, tous deux orientés vers une même direction, celle de Dieu. C'est là, l'intuition fondamentale de la théologie de Christian de Chergé : chrétiens et musulmans sont frères en Dieu, et leurs prières respectives n'ont pas d'autre fin que la rencontre du Créateur.
Ainsi cloche et muezzin se correspondent ou se succèdent à l'intérieur du même enclos, et il est difficile de pas accueillir l'appel à la prière, d'où qu'il vienne, comme un rappel de la communion qui prévaut au cœur de Celui vers qui nous nous tournons avec le même abandon » Christian de Chergé, L'Invincible Espérance op. cit., « Chrétiens et Musulmans, pour un projet commun de société », p. 191.
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