Je suis pour ce qui me concerne tout disposé à vous croire de bonne foi sur les deux premiers points de votre propos.
En revanche, en poursuivant votre lecture, je comprends parfaitement pourquoi beaucoup ici ne supportent pas votre prose. Notamment lorsque vous écrivez des choses pareiles, particulièrement énormes, fausses et mal pesées :
TERTIO: pour ce qui est des formes liturgiques pré-conciliaires responsables en partie de la crise, excusez-moi mais c'est une évidence: il suffit d'aller dialoguer avec des ultra-progressistes du style Golias pour comprendre que ce qu'ils ont le plus en horreur, c'est ce style liturgique lourd et pompeux qui régnait avant le Concile; le principal problème étant qu'ils amalgament cet apparat -du fait de leur ignorance et de leurs préjugés- avec l'authentique liturgie. C'est bien en réaction aux rubriques du missel de St-Pie V -pointilleuses et tatillonnes jusqu'à l'absurde, étouffant l'essentiel, à savoir la prière- qu'ils ont mis en oeuvre une "liturgie" sans aucune règle, complètement dé-ritualisée etc que l'on voit dans 90% des paroisses en France. Ici je ne tiens pas des propos en l'air, mais j'ai des exemples et des témoignages sur cette époque très précis en tête...
Une pareille généralisation ne peut prêter qu'à l'agacement -voire à la colère- et, évidemment, au sarcasme.
Vous imputez aux formes liturgiques pré-conciliaires une responsabilité "
évidente" dans la crise que traverse l'Eglise depuis Vatican II. C'est approximatif, exagéré et partiellement faux.
Approximatif et exagéré, en ce que vous procédez à une généralisation abusive qui ne sert pas beaucoup la crédibilité de votre propos. Tous les fidèles catholiques, Dieu merci, ne tenaient pas ces rites en horreur, loin s'en faut. Vous dites vous-mêmes qu'il s'agit d'"
ultra-progressistes", dont vous reconnaissez l'ignorance et les préjugés. Autant dire que leur avis n'a pas beaucoup d'importance, la plupart de ces gens (puisque vous parlez de
Golias, que je connais très bien) n'ayant plus la foi catholique (même considérée d'un point de vue "conciliaire")
Faux, parce que poser les bases d'un propos aussi grave que le vôtre sur la liturgie sur des bases à la fois aussi peu nuancées et à ce point non représentatives invalide grandement le poids de vos arguments.
Vous parlez de "
l'authentique liturgie"... De quoi traitez-vous au juste ?
Les livres liturgiques en usage dans toute l'Eglise latine jusqu'en 1962 ne traduisent pas, selon vous, une liturgie "
authentique" ? La messe traditionnelle, qui n'est en aucune façon une messe du XVIème siècle, ne serait à votre sens pas "
authentique" ? Si vous ne le pensez pas -ce qui me rassurerait- cela pose un problème. Car c'est matériellement ce que vous écrivez.
Je ne vois pas non plus encore en quoi les rubriques du missel traditionnel étoufferaient la prière. C'est encore une fois ce que vous écrivez, et c'est parfaitement excessif, subjectif... et faux. Je ne vois vraiment pas ce qui vous permet d'énoncer aussi péremptoirement un tel jugement.
Vous ne tenez pas de propos "
en l'air", comme vous dites, car vous avez "
des exemples très précis en tête". Je suis tout disposé à vous croire, car j'ai les mêmes exemples en tête.
Mais je crois malheureusement que, soit vous tapez à côté, soit vous vous exprimez -excusez-moi- particulièrement mal.
Je pense deviner votre raisonnement, que j'interprète de la manière suivante :
- La crise de l'Eglise a des racines bien antérieures au Concile.
- Certaines de ces racines sont à rechercher dans le ritualisme et dans le rubricisme excessifs d'une pratique liturgique trop répandue alors.
- Cela a nourri le défoulement anti-liturgique des progressistes après le Concile et la mise en oeuvre des réformes.
Là-dessus, je ne peux qu'être d'accord avec vous, ou plutôt avec ce que je devine de votre propos.
Car en le lisant au premier degré, voici ce qui se comprend, et que comprennent probablement l'immense majorité des liseurs :
- C'est la messe traditionnelle qui est responsable de la crise.
- La liturgie avant le concile n'était pas vécue intérieurement et ne favorisait pas la prière.
- Si des gens ont pris le virage de
Golias et de l'ultra-progressisme, c'est à cause de la liturgie d'avant le Concile.
Je regrette bien, Signo, mais c'est encore une fois ce qui est écrit matériellement dans votre post.
Pour vous répondre sur le fond, et sans pouvoir trop développer, ce que je regrette :
- Les germes de la crise, au niveau liturgique se situent effectivement avant le Concile. D'une part parce que le rubricisme est une plaie en certains endroits (pas dans tous, votre affirmation n'est historiquement pas juste), d'autre part parce que se trouvent déjà des germes de progressisme dans beaucoup de strates du mouvement liturgiques. Il suffit pour s'en convaincre de compulser les collections de
La Maison Dieu, organe officiel du CNPL dans les années 50, pour s'en convaincre. Ce sont précisément ces dérives qui poussèrent Pie XII à rédiger l'encyclique
Mediator Dei en 1947.
- Le défoulement pseudo-liturgique de l'après-concile a des racines qui sont moins liturgiques en elles-mêmes que psychologiques et idéologiques. Psychologiques, parce qu'au ritualisme strict en usage jusqu'en 1962 a succédé, comme un torrent de plus en plus impétueux, un véritable défoulement qui a culminé avec la messe normative qui a précédé -en la dépassant même- l'élaboration de la messe réformée de 1969, dite de Paul VI. On a eu affaire là à des gens qui réglaient des problèmes en grande partie psychologiques. Tuer le père, si vous préférez. Idéologiques ensuite, parce que cela a été rendu possible légalement. Cela a été rendu possible par l'évacuation stratégique des schémas préparatoires du Concile dès la première session d'octobre 1962, et ensuite par le laisser-aller et par les concessions faites au fil du temps aux éléments les plus radicaux de l'aile progressiste, et qui ont conduit successivement à la réforme de 1965, à la messe normative de 1967, puis enfin au rite de 1969. Cela a été fait en connaissance de cause, et avec l'assentiment plus ou moins conscient de Paul VI. Il suffit, pour s'en rendre compte, de lire les mémoires de Mgr Bugnini et, accessoirement, celles du Père Bouyer.
- Les réformes liturgiques, même si elles ont été opérées à la base par des prêtres plus ou moins préparés idéologiquement, n'en ont pas moins été couvertes par l'autorité d'évêques dont il sera bien difficile d'expliquer qu'ils n'ont pas été fidèles à l'esprit du Concile, à l'esprit dans lequel la constitution conciliaire sur la liturgie a été discutée, rédigée puis votée. Car les évêques qui ont mis la réforme liturgique en application sont ceux qui, dans leur immense majorité, avaient siégé au Concile. Autrement dit, les gens qui ont soit promu soit couvert les excès liturgiques après le Concile savaient parfaitement ce qu'ils faisaient.
La compléxité des questions que vous proposez d'aborder est, je le crains, propre à justifier de votre part des propos plus nuancés et... plus clairs.