Pas tout à fait par Peregrinus 2016-05-24 16:30:08 |
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Merci beaucoup tout d'abord pour les efforts que vous faites ici pour préciser votre pensée et la formuler d'une manière plus adéquate.
Il me semble cependant que ce que vous écrivez n'est toujours pas satisfaisant.
Vous parlez du décorum préconciliaire. Il me semble que la majorité des paroisses de France, à la veille du Concile ou de la réforme liturgique, étaient assez loin du baroque lourd et pompeux que vous détestez à tort ou à raison (accessoirement, vous noterez que dans certains pays, notamment méditerranéens, ce décorum baroque n'a pas eu tant de difficultés à survivre à la réforme liturgique).
Je ne vois strictement rien de ridicule à ce que vous dénoncez comme absurde. Vous partez ici d'une pétition de principes.
En ayant déjà parlé dans un message précédent et n'ayant pas un temps infini à ma disposition, je ne reviens pas sur le développement d'un esprit antiliturgique dans divers mouvements d'apostolat au milieu du siècle dernier.
En revanche, vous invoquez des témoignages et c'est un point sur lequel il faut certainement revenir.
Je vous invite à lire celui de Jean Olhagaray dans le livre de récits de prêtres ouvriers insoumis publiés en 2002 chez Karthala. Vous verrez que l'abbé Olhagaray n'avait au départ rien contre ce que vous appelez le décorum et le ritualisme ; c'est l'expérience "missionnaire" imprudente des prêtres ouvriers, sagement arrêtée par Pie XII en 1954, qui l'a conduit à remettre graduellement en cause ce qu'il avait reçu, jusqu'à abandonner le sacerdoce et finalement la foi chrétienne la plus élémentaire.
Vous trouverez par ailleurs dans le numéro d'été 2012 du Sénevé, revue de l'aumônerie de l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm, des témoignages non moins intéressants d'anciens normaliens qui ont vécu le tournant conciliaire (p. 67 sqq.).
Témoignage d'une ancienne de l'ENS de Saint-Cloud :
À l’École (j’y suis restée de 54 à 57) nous assistions tous les mardis à la Messe à la chapelle des Franciscains de la rue Marie-Rose, d’où nous revenions mantille sur la tête et un gros paroissien à la main, sous l’œil un peu ironique de nos camarades attablées qui nous avaient surnommées “le pensionnat Tala”. Nous chantions Complies le dimanche soir dans la cave 3 de l’École une fois que les visiteurs (autorisés le Dimanche après midi seulement boulevard Jourdan) étaient partis. Les retraites, exclusivement féminines aussi, avaient lieu à Solesmes, non sans que le Père Daniélou, avec son humour habituel, nous ait averties : “ici, je sens un peu le fagot”. Le recueillement était admirable mais c’est tout autre chose que nous avons découvert plus tard à Taizé. (pp. 83-84)
Une fois mariée, vivant en Province j’ai certes été gênée par une raideur de certains prêtres, des dévotions inutiles, mais je n’étais nullement en rébellion : je pouvais lire la Bible si je voulais, le latin ne me dérangeait pas mais je n’aimais pas l’obligation de recevoir l’hostie dans la bouche et de rentrer dans un confessionnal pour le Sacrement de Pénitence.
La première nouveauté était la communion dans la main, très importante pour moi. (p. 85)
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