...et moi aussi:
En effet, le phénomène de simple réaction que je décris n'est pas la seule explication: il y a aussi une aversion idéologique et typiquement moderne envers le rite, envers la Tradition, envers le sacré etc.
Mais ce que vous ne semblez pas voir, c'est qu'il y a eu d'un côté les modernistes intelligents, idéologisés, qui haïssaient le rite et qui savaient pourquoi; et de l'autre des gens plus simples -qui n'étaient pas forcément des imbéciles- qui n'étaient pas des idéologues non plus mais qui constataient que quelque chose dans le decorum pré-conciliaire était éxagéré, lourd, pompeux, (et il l'était effectivement), et qui se sont donc dits qu'étant donné ces excès de pompe, les idéologues progressistes avaient peut-être raison. Vous n'avez d'ailleurs pas répondu à l'explication que j'en donne ici, et qui ne me paraît pas dénuée de fondement. Vous n'avez pas non plus répondu au fait que Michel Onfray et de nombreux autres penseurs, catholiques ou non, font la même analyse que moi quant à l'origine de la rupture.
J'ai en outre lu des extraits de rubriques tout à fait éloquents quant au fait qu'elles décrivaient dans le détail et jusqu'à l'absurde le moindre geste du prêtre, comme si la liturgie n'était qu'une mécanique bien réglée... (au sens propre du terme: ainsi dans tel séminaire, on mesurait l'écart entre les deux bras du prêtres dans la posture de l'orant pour vérifier que l'écart était le bon, au millimètre près!) Cette règlementation à l'extrême de chaque geste est la preuve que l'esprit liturgique était mort bien avant le Concile (à mon avis, depuis le XVIe-XVIIe siècle), puisque justement la gestuelle liturgique, lorsqu'elle est profondément comprise, est naturelle et n'a pas besoin de toutes ces rubriques qui jouaient le rôle d'un corset pour faire se tenir debout un cadavre. Enlevez le corset, et le cadavre tombe. C'est ce qui est arrivé avec la réforme liturgique...
Il faut également mentionner le fait que dans les séminaires, on expliquait pas vraiment la liturgie, on se concentrait plutôt sur la restitution stricte des rubriques; on n'expliquait pas vraiment aux prêtres le sens du rite. C'est pour cela, par exemple, que cette génération a répandu l'idée selon laquelle la célébration orientée n'était en fait qu'une posture rétrograde qui consistait à "tourner le dos aux fidèles"... cela montre bien que le sens profond, la compréhension profonde de l'orientation, c'est à dire l'inscription de l'acte rituel dans un cosmos transcendant, était perdue. Depuis quand? Et bien depuis la "Renaissance", justement, période à partir de laquelle l'orientation des églises ne fut plus systématique...
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