Ne pourrait-on pas en conclure que ces papes doivent tous être considérés comme douteux, et donc être jugés illégitimes en vertu de l'adage "Papa dubius, papa nullus" ? L'Eglise serait donc demeurée acéphale durant 39 ans (1378-1417). Même si en général les théologiens penchent plutôt en faveur de la légitimité de la succession romaine.
Je suis d'accord avec vous.
L'Église se retrouve acéphale, c'est-à-dire, précisons quand-même, sans chef
visible, car le Christ, son chef invisible continue à la diriger, chaque fois qu'un Pape légitime meurt.
La durée n'est pas pertinente, même si une longue durée (39 ans, 65+ ans) est un grand mal pour l'Église, sans doute aucun, mais contrairement à ce que beaucoup pensent, cela ne change rien aux prérogatives ou aux notes de l'Église (visibilité, catholicité).
Puisque
plus aut minus non mutat speciem.L'Église était tout aussi visible ou catholique au Ier siècle qu'elle ne l'était au XVe ou au XIXe, quand elle a ajouté deux continents à sa sphère d'action, où elle n'était pas connue avant, sinon en puissance.
La visibilité ne doit pas toujours et partout et pour tout le monde être factuelle ou absolue, mais il suffit quelquefois qu’elle soit virtuelle ou morale, de même il suffit (avec Melchor Cano,
De locis, IV,6,ad 13, dans l'édition de Salamanque de 1563 à la p. 160, suivi par Bellarmin,
De Eccl. IV,7), notamment pour la fin des temps, une catholicité morale de l'Église, c.-à-d. que l'Église redevenue réduite comme au Ier siècle est identifiable avec celle qui a existé partout dans le passé, une catholicité donc qui perdure, mais de façon morale: "satis est, Ecclesiam semel in totum mundum esse fusam, ut etiamnum vere catholica dicatur".