Bonjour Eti Lène,
Vous avez raison, depuis Amoris laetitia, c'est la fin des illusions pour tous ceux qui ont cru que le "compromis wojtylien" était durable, profond, solide et valide, et était indépendant de la personnalité et du positionnement particulier, sur le plan philosophico-théologique, de Jean-Paul II et de Benoît XVI.
Je rappelle, en quelques mots, ce qu'a été le "compromis wojtylien", non avant tout en matière liturgique, mais avant tout en matière doctrinalo-pastorale : cela a été un compromis entre le développement d'une certaine forme de décentrement EFFECTIF vers l'extérieur, au moyen du dialogue interconfessionnel et surtout du dialogue interreligieux, et l'implémentation d'un certain type de recentrage OFFICIEL vers l'intérieur de l'Eglise, (cf. le Catéchisme, la morale et les sacrements).
Par ailleurs, il est possible que le motu proprio de François soit un véhicule de reconnaissance blindé pré-synodal.
En effet, de deux choses l'une :
- ou François prend conscience du fait que ce véhicule s'est aventuré d'une mauvaise manière, dans la mauvaise direction, et dispose, face aux objections, d'un blindage défectueux, puis François tire parti du prochain "itinéraire synodal" pour aller en direction d'un mini "rétro-pédalage" auquel je ne crois pas,
- ou François entend utiliser ce véhicule de reconnaissance blindé pour identifier les cibles à traiter, les zones de résistance auxquelles sera confronté le futur itinéraire synodal, afin de se préparer le mieux possible à traiter ces cibles et ces zones, quitte à ce qu'il laisse ce traitement à son successeur.
Une chose semble à peu près sûre : pour François, l'adhésion au Concile Vatican II et à l'après-Concile, précisément en ce qu'ils ont de plus "conciliaires", non seulement en direction de l'extérieur, mais aussi en direction de l'intérieur de l'Eglise, n'est pas facultative, mais est indispensable, sinon obligatoire.
Or, des orientations adogmatiques ne peuvent acquérir plus d'autorité ou d'importance que des définitions dogmatiques, ou le Concile Vatican II ne peut acquérir plus d'autorité que celui de Trente, que si l'on recourt à un autoritarisme dissimulateur, falsificateur ou manipulatoire, même si les utilisateurs de cet autoritarisme sont, par ailleurs, plus partisans qu'opposés au libéralisme théologique, au minimum en matière religieuse.
Formulons-le autrement : quelle est donc la valeur de documents tels que la déclaration Dominus Iesus et le compendium du Catéchisme de l'Eglise catholique, pour les clercs "inclusivistes périphéristes" ?
Qui ne voit que la volonté d'éliminer la liturgie tridentine n'est certes pas équivalente, mais n'est pas non plus incompatible avec une volonté d'éradiquer ce qui est normatif, prescripteur, et surtout à contre-courant, dans ce qu'il reste du catholicisme ?
Enfin, si les catholiques traditionalistes sont dès à présent inscrits sur une liste, en vue de la réactivation de leur marginalisation, les catholiques conciliaires conservateurs ne doivent-ils pas craindre, eux-aussi, de devoir figurer un jour sur cette liste ?
Bonne journée.
Scrutator.