Traduction d'un article d'Eric Sammons publié dans le Crisis Magazine:
Traditionis custodes : Un serpent au lieu de poisson
16/07/2021
''La bombe a été larguée. Aujourd'hui, le pape François a publié son motu proprio Traditionis custodes restreignant sévèrement la célébration de la messe traditionnelle en latin. En effet, il efface le motu proprio d'il y a 14 ans du Pape Benoît XVI, Summorum Pontificum, qui avait été publié afin d'aider les fidèles qui ''ont continué d'être attaché avec tant d'amour et d'affection aux formes liturgiques antérieures qui avaient profondément façonné leur culture et leur esprit.'' Apparemment, le pape François ne pense plus que ce soit nécessaire.
Je ne vais pas analyser les détails du nouveau motu proprio ici, vous pouvez trouver cela ailleurs. Au lieu de cela, j'aimerais partager ma première réaction et aborder l'impact pratique sur les catholiques assis sur un banc.
L'une de mes premières pensées en lisant le décret du Pape a été les paroles de Notre-Seigneur : ''Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu du poisson?'' (Luc 11, 11) Un nombre croissant de catholiques ont demandé à être nourris par les «poissons» de la messe traditionnelle en latin ; maintenant le Saint-Père leur a donné à la place un serpent.
Ces paroles divines me viennent à l'esprit car je pense à toutes les personnes que j'ai rencontrées ces dernières années qui ont découvert la messe traditionnelle latine et l'ont trouvée source de force et de réconfort dans leur pèlerinage spirituel ici-bas. Ils ne rejettent pas Vatican II ; ils ne pensent pas qu'ils sont meilleurs que les catholiques Novus Ordo ; ils ne détestent pas le pape. Dans l'ensemble, ils ne se préoccupent pas de la politique de l'Église. Ils aiment tout simplement la beauté, le respect et la richesse de la messe latine traditionnelle – une beauté, un respect et une richesse qu'ils ne pouvaient pas trouver dans leur paroisse locale.
Je pense aussi à mon ami anglo-catholique, qui envisage une conversion. Il m'a dit que le motu proprio, c'est comme «une porte qu'on lui claque au nez». Il a assisté par intermittence à la messe en latin dans ma paroisse, et il en reconnaît la valeur intemporelle. Mais maintenant, il entend le chef de l'Église catholique en parler comme si c'était une mauvaise chose, quelque chose de dangereux qui doit être caché et enfermé dans le placard. Il sait que ce n'est pas vrai, et cela le fait hésiter à ''traverser le Tibre''.
Je pense à ces catholiques qui ont assisté à la messe traditionnelle en latin pendant des années, voire des décennies. Ils ont été formés par sa piété et sa spiritualité. Ce n'est pas une «préférence» pour eux d'assister à la messe traditionnelle en latin ; c'est une partie essentielle de la pratique de la Foi. Et de peur que nous ne soyons trop prompts à les juger négativement pour ce fait, rappelons-nous les paroles du Pape Benoît XVI: ''Ce que les générations précédentes considéraient comme sacré reste sacré et grand pour nous aussi, et cela ne peut pas être tout d'un coup entièrement considéré comme nocif.'' Comment le pape François montre-t-il une sollicitude paternelle envers ces fidèles catholiques? Il en a fait des fils de seconde classe, indignes de s'asseoir à la table du père.
Je pense aussi à ces catholiques qui en ont assez d'être vilipendés par le pape et qui seront maintenant tentés de quitter l'Église, d'aller vers l'orthodoxie orientale, ou de tomber dans le sédévacantisme (la croyance qu'il n'y a pas de pape régnant), ou de se tourner vers certaines autres chapelles catholiques «indépendantes». C'est facile de leur dire de se taire et d'obéir, mais quel père aimant traiterait ses enfants comme ça? Un père aimant serait accommodant autant que possible, en particulier lorsque le seul «péché» est l'amour pour ce que des millions de catholiques ont aimé pendant des siècles.
Et je pense à mon propre embrassement de la messe latine traditionnelle. Je suis un dévot récent de la messe latine traditionnelle. Je n'ai commencé à assister régulièrement à la messe latine qu'il y a dix ans parce que nous avons déménagé et que nous ne pouvions pas trouver une paroisse révérencieuse du Novus Ordo à quelques minutes en voiture. Mais il y avait une paroisse FSSP à environ 25 minutes. Nous n'y sommes pas allés pour le latin, ni pour les prières, ni parce que c'est ad orientem. Nous y sommes allés simplement parce que nous voulions que nos enfants sachent qu'il était important d'adorer Dieu avec révérence. Depuis lors, nous avons trouvé dans la messe latine traditionnelle un foyer où notre foi catholique se nourrit et s'enrichit. En quoi est-ce une mauvaise chose, Saint-Père? Pourquoi cette voie devrait-elle être fermée aux catholiques?
«Quel père d'entre vous, si son fils demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu d'un poisson? En effet. Saint-Père, d'innombrables catholiques demandent à être nourris par la messe latine traditionnelle, à pouvoir adorer Dieu comme les générations précédentes de catholiques l'ont adoré. Pourquoi nous donnez-vous un serpent à la place?''
Source
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