de M. Daoudal - qui reconnaît benoitement n'avoir pas lu la première ligne des 3000 pages qu'il prétend critiquer - est typique des raccourcis apologétiques sur lesquels une certaine théologie s'est trop longtemps reposée.
Sur la question des "frères du Seigneur" Meier conclut en effet que "d'un point de vue purement philologique et historique, l'opinion la plus probable est que les frères et sœurs de Jésus étaient vraiment ses frères et sœurs" (vol. I, p. 189-293). Telle est également la conclusion de "Jésus l'Encyclopédie (art. du prof. Lémonon, p. 152-153). Et leurs arguments sont convaincants:
1. Nul n'ignore que le mot adelphos est fréquemment employé dans le NT au sens symbolique de "membre de la communauté" ou "frère dans la foi".
2. Ce sens symbolique ne peut évidemment pas être retenu lorsque le mot est employé dans un contexte familial. Par ex.: Mc 6, 3 e("le fils de Marie, le frère de Jacques... et ses soeurs"), Jn 2, 12 (sa mère, ses frères et ses disciples"), Mc 3, 31, Lc 8, 19 ("sa mère et ses frères") Mt 13, 55 ("le fils du charpentier, ses frères Jacques, Joseph... ses soeurs..."). De même lorsque le même passage parle successivement des Apôtres, des frères (120 personnes) ainsi que de Marie avec les frères de Jésus (Ac 1, 13-15) ; ég. I Co 9, 5 : « les autres apôtres, les frères du Seigneur et Céphas ».
3. Arguer d'une confusion par les rédacteurs qui pensaient en araméen et ont traduit improprement cousins par adelphos peut à la rigueur être envisagée pour certains évangiles à consonnance sémitique, dont celui de Marc. Cela est en revanche impensable pour Luc ou pour Paul qui pensent et écrivent en grec. D’ailleurs Paul, qui désigne Jacques comme frère du Seigneur (Gal. 1, 19), connaît et utilise le mot anepsios pour cousin (Col 4, 10). Aucune confusion possible de son côté.
4. Une telle confusion est encore moins pensable pour Flavius Josèphe qui parle du « frère de Jésus appelé Christ » à propos de Jacques (AJ 20, 200).
5. Si les rédacteurs des textes sacrés avaient cru à la virginité perpétuelle de Marie, ils n’auraient pas manqué de préciser que les « frères » n’étaient pas en réalité des frères de sang. Mais aucune des occurrences du NT ne contient cette précision.
6. Il en va de même des premiers pères de l’Eglise : en particulier Tertullien (Contre Marcion, fin IIe siècle) précise à propos du passage où Jésus refuse de rencontrer sa mère et ses frères venus le chercher: "C'étaient sa mère et ses frères véritables qui l'attendaient à la porte et il les avouait pour mère et frères par là-même qu'il refusait de les reconnaître".
Je précise que l’existence de frères et sœurs enfants de Marie et Joseph ne s’oppose pas bien sûr à la conception virginale de Jésus, premier né, qui n’a jamais été remise en question.
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