... que le traditionalisme dans son ensemble ne s'interroge pas sur les causes profondes de la crise c'est:
- que JAMAIS je n'ai entendu un seul prêtre "traditionaliste" s'interroger avec un minimum de lucidité sur les multiples défauts du Missel de 1962 tel qu'il est mis en oeuvre dans les instituts traditionalistes. On fait comme si la Tradition se confond avec l'approche traditionaliste de la liturgie, ce qui est faux, comme l'on démontré de nombreux liturgistes parfaitement traditionnels et orthodoxes (Jean Hani, Louis Bouyer, J. Ratzinger...);
- que dans les chapelles traditionalistes, c'est presque toujours le même décorum qui est déployé: un decorum souvent lourd hérité du XIXe siècle (déjà bien décadent sur le plan de la liturgie), decorum qui n'a rien à voir avec la Tradition, avec cette chasuble "boîte à violons" devenue incontournable voire quasi obligatoire dans certaines chapelles pour ne pas passer pour un moderniste (lire ce que Dom Guéranger écrivait à propos de ce type de paramentique), ces dalmatiques raides, cette attitude rigide des ministres à l'autel dont les gestes, en manquant singulièrement de naturel, évoquent d'avantage les mouvements de robots que l'alter Christus que le prêtre est sensé incarner. Sans parler de ce qui est peut-être le pire, à savoir ces insupportables tics dans la manière de célébrer, surtout les messes basses, consistant à avaler à toute vitesse les prières latines, comme si la liturgie se réduisait à un ritualisme froid et sec, un ensemble de gestes à accomplir mécaniquement et machinalement, sans prendre le temps de la prière, du recueillement... c'est exactement cette approche formaliste et juridique de la liturgie (que l'on ne retrouve pas dans les monastères, comme Fontgombault ou le Barroux, heureusement) qui a fait l'objet d'un rejet massif de toute une génération (et on les comprend!), génération qui, en jetant le bébé avec l'eau du bain, nous a précipité dans le désastre actuel.
- enfin, que la liturgie ne suscite que peu d'intérêt dans les milieux traditionalistes, peu de discussion, encore moins de réflexion. Il n'y a pas de curiosité sur le sujet. On y critique la messe de Paul VI, on loue la messe de Pie V, et... cela s'arrête là. Quelques prêtres tradis se sont intéressés à la question en publiant des ouvrages ou des articles de fond (abbés Barthe, Gouyaud...) mais ce sont des exceptions dans le monde traditionaliste et d'ailleurs il est révélateur que ces prêtres liturgistes ont tous fini par quitter leurs communautés d'origine (FSSPX, FSSP) pour rejoindre le clergé diocésain, comme s'il était impossible de poser les bonnes questions en restant au sein des instituts...
Au bilan donc, on peut certes être reconnaissant aux instituts traditionalistes d'avoir conservé et transmis la foi et la messe au milieu de la tempête des années 1970-1980... mais maintenant, il serait peut-être temps de surmonter certaines crispations pour remonter le fleuve de la Tradition pour retrouver la Source...
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