ACTA APOSTOLICÆ SEDIS
Tome IV (1912) - Num. 17 (16 sept. 1912)
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EPISTOLAE.
I.
AD R. P. D. LUDOVICUM ERNESTUM DUBOIS,
ARCHIEPISCOPUM BITURICENSEM,
DE LATINO SERMONE
IUXTA ROMANUM USUM PRONUNTIANDO.
[Lettre à S. Exc. Mgr Louis-Ernest Dubois (1),
archevêque de Bourges,
sur la prononciation romaine du latin]
Vénérable Frère,
Votre lettre du 21 juin dernier, comme aussi celles que Nous avons reçues d’un grand nombre de pieux et distingués catholiques français, Nous ont appris, à Notre grande satisfaction, que, depuis la promulgation de Notre Motu proprio du 22 nov. 1904 sur la musique sacrée (2), on s’applique avec un très grand zèle, dans divers diocèses de France, à faire en sorte que la prononciation de la langue latine se rapproche de plus en plus de celle qui est usitée à Rome ; et que l’on cherche en conséquence à rendre plus parfaite, selon les meilleures règles de l’art, l’exécution des mélodies grégoriennes, ramenées par Nous à leur ancienne forme traditionnelle.
Vous-même, quand vous occupiez le siège épiscopal de Verdun, vous étiez entré dans cette voie et vous aviez pris, pour y réussir, des dispositions utiles et importantes. Nous apprenons d’autre part, avec un vif plaisir, que cette réforme s’est déjà répandue en beaucoup d’endroits, et qu’elle a été introduite avec succès dans un grand nombre d’églises cathédrales, de Séminaires, de collèges, et jusque dans des simples églises de campagne.
C’est qu’en effet la question de la prononciation du latin est intimement liée à celle de la restauration du chant grégorien, objet constant de Nos pensées et de Nos recommandations, depuis le commencement de Notre Pontificat.
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L’accent et la prononciation du latin eurent une grande influence dans la formation mélodique et rythmique de la phrase grégorienne ; et par suite il est important que ces mélodies soient reproduites, dans l’exécution, de la manière dont elles furent artistiquement conçues à leur origine. Enfin, la diffusion de la prononciation romaine aura encore cet autre avantage, comme vous l’avez fort bien remarqué, de consolider de plus en plus l’œuvre de l’unité liturgique en France, unité accomplie par l’heureux retour à la liturgie romaine et au chant grégorien.
C’est pourquoi Nous souhaitons que le mouvement de retour à la prononciation romaine du latin se continue avec le même zèle et les mêmes succès consolants qui ont marqué jusqu’à présent sa marche progressive ; et pour les motifs énoncés plus haut, Nous espérons que, sous votre direction et celle des autres membres de l’épiscopat, cette réforme puisse heureusement se propager dans tous les diocèses de France.
Comme gage des faveurs célestes, à vous, Vénérable Frère, à vos diocésains et à tous ceux qui Nous ont adressé des demandes semblables à la vôtre, Nous accordons de tout cœur la Bénédiction apostolique.
Du Vatican, le 10 juillet 1912.
PIUS PP. X.
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(1) Monseigneur Louis-Ernest Dubois, originaire du diocèse du Mans où se trouve l’abbaye de Solesmes, sera transféré à Rouen en 1916, créé cardinal la même année, puis sera transféré à Paris en 1920 pour décéder le 23 septembre 1929, âgé de 73 ans (Note d’Alexandre).
(2) Le motu proprio sur la musique sacrée Tra le sollecitudini (p. 329-339 [italien] et 387-395 [latin]) a été signé le 22 novembre 1903, pas 1904 (note d’A.).