J'ai lu quelque part que Paul VI, malgré son grand enthousiasme pour les auteurs français (noté à juste titre par Aigle), détestait Bernanos. Est-ce que quelqu'un pourrait me donner une source pour cette affirmation, si elle est vraie?
Dans le fil d'un grand valeur sur le modernisme commencé par jejomau, Luc Perrin a demandé:
'Qui sait en dehors des spécialistes que le très célèbre abbé Bremond, auteur d'une oeuvre fort populaire pendant longtemps, était un moderniste convaincu et qu'il publia une apologie du 1er Loisy sous pseudonyme?'
L'abbé Bremond apparaît sous le nom de l'abbé Cénabre, apostat secret, dans deux romans de Bernanos, L'Imposture et La Joie, un portrait qui a provoqué des protestations du part de Bremond. Tout le milieu clérical néo-moderniste est dépeint dans ces romans par la plume féroce de Bernanos – ce qui expliquerait le manque de goût de Paul VI pour cet auteur. Le modernisme de Bremond n'était donc pas inconnu à l'époque.
L'exemple de Bernanos indique une problème avec la thèse d'Aigle dans ce fil, selon laquelle les catholiques orthodoxes souffraient d'une faiblesse culturelle et intellectuelle dans leurs combats anté-conciliaries avec le néomodernisme. Rien de moins faible que Bernanos sur le plan culturel. Sur le plan intellectuel; Garrigou-Lagrange a gagné le débat intellectuel au sujet de Blondel et le néo-modernisme dans ses deux articles ''La nouvelle théologie où va-t-elle?' et 'Vérité et immutabilité' du dogme', publiés dans Angelicum 1946 et 1947. Sur la qualité de Garrigou-Lagrange comme penseur, on peut trouver cet évaluation du dominicain écossais très peu traditionaliste Fergus Kerr O.P.: 'Ironically, when this inveterate adversary of the historico-contextualist approach considers the philosophical options adopted by philosophers in his own day, he becomes a model of how to engage with the philosophical issues about being, truth, and so on,' (Kerr, Twentieth-Century Catholic Theologians (Oxford: Blackwell, 2007), p. 18).
C'est au niveau de la propagande et le manoeuvre que les néo-modernistes ont gagné – je souligne que M.-M. Labourdette O.P. refusa de publier l'article de Garrigou-Lagrange dans le Revue thomiste, par peur de paraître intégriste. Mais l'échec total des catholiques croyants demande encore quelque explication. L'appui donné aux néo-modernistes par les papes depuis PaulVI fournit sans doute une grande partie de cette explication, mais pas toute; et cet appui lui-même n'est pas sans mystère.
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