J'admire votre érudition liturgique, mon cher Nemo, et je garde un bon souvenir de notre rencontre à une RIL déjà lointaine !
Cependant j'éprouve quelques difficultés face à votre position dans ce passage :
Ainsi on trouve “Si opportune fieret”, beaucoup de choses au choix du célébrant, le canon, la préface, les lectures, les prières d’ouverture, la couleur des ornements (prenez la plus belle couleur en cas de fête), de même qu’en droit canon on parlera de “juste peine” (c’est quoi ?) et qu’on ne définira plus la tenue ecclesiastique.
Vous semblez raisonner (dites-moi si je me trompe) comme si le rite et le missel romain n'étaient en vigueur que dans les pays de l'Europe Occidentale. Or les missionnaires les ont répandus sur tous les continents.
Vous connaissez certainement le proverbe "des goûts et des couleurs on ne discute pas" : tout cela varie en fonctions des cultures ; et, s'il faut purifier les cultures à partir de la Révélation, celle-ci n'impose que ce qui est nécessaire pour aller au Ciel.
Donc, si avec vous je regrette une trop grande variété dans les choix proposés en matière de liturgie, je ne conteste pas l'existence de ces choix : ayant beaucoup bourlingué, je peux vous certifier qu'en de nombreux domaines, il n'y a pas d'inconvénient à ce qu'il y ait une vérité en deçà des Pyrénées qui apparaisse comme une erreur au-delà.
J'ai entendu dire qu'en certains pays de l'Extrême-Orient le blanc est couleur de deuil. Alors, si tel est bien le cas, pourquoi imposer à ces chrétiens de célébrer Pâques en vêtements de deuil ?
Quant à l'habit liturgique, il est défini au c. 284 comme suit.
Les clercs porteront un habit ecclésiastique convenable, selon les règles établies par la conférence des Évêques et les coutumes légitimes des lieux.
Ce n'est pas aussi indéfini que vous le croyez. Par exemple cela exclut l'usage, encore assez fréquent en France, d'un insigne (par exemple une croix plus ou moins stylisée) sur n'importe quel vêtement : c'est l'habit lui-même qui doit être reconnaissable comme ecclesiastique, et non un simple insigne. Et là encore, qu'on fasse droit aux légitimes différences culturelles selon les latitudes et les longitudes n'est que justice.
Enfin, "c'est quoi" la juste peine, demandez-vous ? Et bien c'est une peine qui soit proportionnée à la faute commise, n'est-ce pas évident ? Mais cela en tenant compte de l'équité, non moins évidemment, si vous vous souvenez de l'adage déjà connu des anciens Romains,
summum jus, summa injuria : l'application univoque des textes normatifs à des situations qui ne peuvent être qu'analogues est le comble de l'injustice.
Donc, pensant que vous condamnez à tort des dispositions normales dans le contexte d'un rite romain étendu jusqu'aux extrémités du monde, je vous suggère de vous demander si vous n'allez pas quelque peu trop loin dans l'utilisation que vous faites de votre érudition liturgique.
Amicalment,
VdP