Je n'ai pas écouté le pensum, je me contente de voir le titre qui parle de ce saint (l'un des rares saints chanoines médiévaux) comme martyr de la confession. C'est archi-faux !
Il faudrait vraiment arrêter de raconter des histoires pour les enfants et passer à la critique des sources.
Il se trouve que je m'intéresse aux saints chanoines et que je suis des lecteurs d'Olivier Marin, le grand universitaire français spécialiste de la Bohême médiévale.
Je cite ici, en vitesse, un extrait de la notice du chanoine dans le DHGE (1998-2000), par le regretté chanoine Aubert.
Selon le P. De Vooght, « cette mort violente ne fut qu’un incident parmi une infinité d’autres qui émaillèrent les disputes sans grandeur d’un roi irascible et brutal avec un archevêque retors et toujours en lutte contre le monde entier », mais une quarantaine d’années plus tard commença à se répandre la légende d’après laquelle Jean de Pomuk aurait été victime de son refus de révéler au roi ce que la reine lui aurait avoué en confession. Toutes les sources anciennes ignorent le motif du secret de la confession pour expliquer la mort de Jean de Pomuk et le seul récit contemporain de celle-ci, le rapport adressé par l’évêque à la curie romaine (Acta in Curia Romana Johannis a Genzenstein, publié en appendice dans Fr.M. Pelzel, Lebensgeschichte des… Königs Wenceslaus,i, Prague, 1788, p. 145-64, et reproduit par P. De Vooght dans Hussiana, Louvain, 1960, ii, 422-41) en donne positivement un autre, de nature toute différente et commune d’ailleurs à Jean de Pomuk et à ses deux compagnons d’infortune, à savoir un des multiples conflits de juridiction et d’intérêts matériels qui opposaient depuis des années Jean de Jenštejn et Wenceslas. D’ailleurs, il est tout à fait invraisemblable que Jean de Pomuk, collaborateur d’un archevêque avec lequel le roi était en dispute depuis une dizaine d’années, ait été le confesseur de la reine, jeune princesse bavaroise arrivée récemment dans le pays et qui disposait à la cour de chapelains en suffisance.
Bref, Jean de Pomuk apparaît comme « un chanoine qui ne se distinguait ni en bien ni en mal du commun de ses semblables » et qui mourut « victime imprévue des peu édifiantes disputes de son archevêque et de son roi […] : il est mort sous les coups d’un fou furieux qui ne lui voulait en somme aucun mal » (P. De Vooght).
C’est l’augustin André de Ratisbonne qui en 1433, dans sa Cronica pontificum et imperatorum romanorum, affirme pour la première fois que Jean de Pomuk fut torturé et jeté à l’eau par Wenceslas pour lui avoir déclaré qu’il n’était pas digne du nom de roi. Puis, vers 1450, l’historien autrichien Thomas Ebendorfer de Haselbach, dans sa Cronica regum romanorum, ajoute qu’il aurait non seulement reproché au souverain sa conduite scandaleuse, mais aurait également refusé de lui révéler les aveux que son épouse lui aurait faits en confession. Au cours du demi-siècle qui suivit se produisit un dédoublement, qui fut répandu par la Kronyka Česká de Wenceslas Hajek (1541) : il y aurait eu en Bohême deux Jean de Pomuk, tous deux noyés dans le fleuve, le premier en 1383, pour avoir refusé de trahir le secret de la confession, le second, en 1393, pour des motifs étrangers à la religion. Le culte du premier, dont les origines sont obscures, se développa progressivement, peut-être d’abord pour l’opposer à la figure de plus en plus mythique de Jean Huss (le roi Wenceslas IV ayant favorisé le mouvement hussite), et en tout cas ensuite dans l’atmosphère de la restauration catholique à l’époque de la Contre-Réforme (en vue d’exalter le sacrement de pénitence, rejeté par les protestants). On invoquait Jean Népomucène comme protecteur de ceux qui sont injustement accusés, mais également de ceux qui tombent à l’eau et risquent de se noyer. C’est seulement au milieu du xviie s. que fut rédigée la biographie pleine de traits manifestement légendaires qu’ont reproduite depuis lors les hagiographes et dans laquelle est indiquée pour la première fois le 16 mai comme date de sa mort. À la fin du siècle furent entreprises les démarches en vue de faire approuver par Rome le culte ab immemorabili. En 1693, on inaugura sa statue sur le pont Charles à Prague.
Et surtout, il y a un article, par exemple, très sérieux qui explique le pipeau de la vita (on ne peut pas lire une vita inventée de toutes pièces au XVIIe s. pour comprendre le XIVe s. historique !).
mélanges Eccole française de Rome
Je me permets aussi de mettre en garde sur ceci : tout ne se trouve pas sur internet, y compris les articles de revues à comité scientifique et a fortiori les ouvrages.
Inutile de me citer des bouquins de 1840 pour parler de ce saint du XIVe s.