A l'origine, j'avais mis ce texte sur mon blog ; sans me demander quoi que ce soit, La Porte Latine et Gentiloup l'ont repris. Ce fut une bonne chose parce qu'aujourd'hui mon blog a disparu, mes adversaires peuvent donc savoir exactement ce que je pense. L'un d'eux a dit à un de mes paroissiens : "Va sur internet, lis ce qu'il a écrit et réfléchis" - mon paroissien, ayant réfléchi, m'a dit : "Tout ce que vous avez écrit est vrai".
C'est bien de mon cas que je me suis servi comme argument, il était assez connu, et l'a sans doute été de Mgr Lefebvre lui-même.
Ce qui a sûrement changé entre 69 et 70, c'est la perception que j'ai eue de la position de Mgr Lefebvre sur le Concile et le missel de Paul VI.
A-t-il changé lui-même ? Je le crois volontiers, ce qui ne veut pas dire qu'il ait été instable, simplement il peut avoir pris mieux conscience de certaines choses.
Je me souviens de l'avoir entendu reprendre l'Abbé Aulagnier qui parlait d'une "messe hérétique" : Mgr récusait l'adjectif. C'était fin novembre 1969. Aurait-il récusé cet adjectif plus tard ? Je l'ignore.
A l'époque, par l'intermédiaire de Dom Lafond, moine de Saint Wandrille et fondateur des Chevaliers de Notre Dame, j'étais dans la mouvance de Solesmes. On n'y disait pas de mal du nouveau missel et on insistait sur l'obéissance.
Aujourd'hui je vois les limites de cette position : le nouveau missel ne correspond pas aux normes de Vatican II, lesquelles n'envisageaient de réforme liturgique que dans le cadre de la continuité.
Mais peu à peu je vis que Mgr Lefebvre critiquait de plus en plus le nouveau missel, ce qui me mettait mal à l'aise. Et aujourd'hui je vois les limites de cette position : je peux chaque jour constater que le nouveau missel est un authentique moyen de sanctification.
Je suis donc partisan de la réforme de la réforme, ce qui n'implique pas un retour au statu quo ante.
De même pour le concile. J'ai entendu Mgr Lefebvre, quelques années plus tard, dire lors d'un "Congrès de Lausanne" à peu près ceci : "C'est un concile pastoral, il n'y a jamais eu de concile pastoral, cela ne vaut rien".
Je crois qu'il aurait pu dire la même chose dès 1970. Mais je ne crois pas que ce soit une vision juste. Il y a des choses critiquables dans les textes du concile faisant le moins autorité, on est donc libre de les critiquer sans se sentir obligé de faire dissidence.
Il est faux de dire qu'il n'y a rien de bon dans le concile. Lisez par exemple les passages de Lumen Gentium sur la Vierge Marie, je les trouve splendides.
Autrement dit, à réalité contrastée, attitude contrastée.
Evidemment je n'aurais pas fait tous ces raisonnements en 1970 et il m'est difficile, à presque cinquante ans de distance, de me souvenir précisément des idées et sentiments du gars de vingt ans que j'étais alors.
Je suis retourné faire une visite à Mgr Lefebvre environ un an après l'avoir quitté, nous étions en bons termes.
J'ai de bons rapports avec l'Abbé Aulagnier, même s'ils sont loin d'être quotidiens.
J'apprécie les contacts avec les membres de la FSSPX, comme d'ailleurs avec ceux des instituts Ecclesia Dei.
On peut avoir des points de vue différents sans s'exclure.
Je me sens proche de tout prêtre qui a la foi eucharistique, bien plus que de tel évêque qui fait prêcher un pasteur protestant pendant la messe qu'il célèbre, ou que de ceux de mes confrères qui remisent dans les placards de leurs sacristies des ciboires contenant encore des fragments d'hosties consacrées.
Voilà, j'ai répondu à vos questions, un peu tard il est vrai mais il fallait prendre le temps - et je ne suis pas chez moi en ce moment.
Votre dévoué Paterculus
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