Cher Monsieur l'Abbé,
A vrai dire, je ne m'attendais pas à cette réponse de votre part. Et pour une fois, depuis le peu de temps que je suis sur ce forum, je m'inscris en faux (parce que vous contredire me déplaît): vous parlez des "lois inscrites dans le coeur de chaque personne humaine, et qui sont supérieures", c'est-à-dire de la loi naturelle. J'espère que vous n'allez pas taxer les lois de l'Eglise, qui interdisent de sacrer sans mandat pontifical, de lois simplement humaines. Elles ont quelque chose de divin. Et affirmer que le type de désobéissance de Monseigneur Lefevbre est en fait une obéissance à des lois supérieures revient à comparer ce grand prélat à Antigone. "Qui vous écoute, M'écoute" a dit le Christ en parlant aux Apôtres. Monseigneur Lefevbre n'était pas Antigone. Pas en ce qui concerne les sacres.
Vous savez bien que Dieu est dans l'obéissance, que Dieu parle par les supérieurs, le Pape, en l'occurrence (c'est ce qu'on nous répète en direction spirituelle d'habitude: Dieu parle par les supérieurs, lesquels pourtant n'ont pas d'infaillibilité, et n'ont pas de rang ecclésiastique toujours remarquable; à plus forte raison faut-il obéir au Pape, le représentant de Dieu sur terre, à moins toutefois qu'on soit sédévacantiste!).
Je ne comprends pas cette facilité à justifier la désobéissance. Quel exemple pour les autres?
Par ailleurs, si "acte schismatique" il y a, et non schisme (la nuance est trop fine, elle ne vaut que pour ceux qui scrutent à la loupe le Code de Droit Canon, ce qui n'est le cas que d'une infime partie de la population chrétienne et même cléricale, nous le savons d'expérience) de iure, dans les faits, le schisme existe: les familles sont déchirées, les jeunes ne savent pas quelle faction ils doivent choisir (car au fond, cela dégénère souvent en guerres de factions), et c'est le désordre dans les âmes. De facto, le schisme existe, puisque finalement, sous l'autorité assez singulière d'un évêque tout-puissant, ces fidèles ont l'air de faire partie d'une autre église. On dirait, pour prendre un exemple, les mariavites du milieu du XXème siècle, cela y ressemble assez. Un schisme polonais que les évêques de ce temps béni (c'était avant le Concile) on géré de la manière la plus stupide. Aujourd'hui, ils sont si éloignés de nous, leur schisme au départ infime est devenu si grave, qu'ils sont difficilement rattrapables.
Bref, Monsieur l'Abbé, je ne savais pas que vous justifieriez avec de tels arguments les sacres. Désobéir au Pape n'a rien à voir avec la loi naturelle, et vous êtes trop bien placé pour le savoir. Que je sache, Jean-Paul II n'a rien ordonné, ordonné, qui soit contre la foi ou la morale. Non. Donc le devoir de désobéissance est inexistant.
en union de prière, priez pour que malgré ma jeunesse, j'aie la sagesse d'un vieillard, certains disent sur ce forum que ce n'est pas gagné ;)
E.