... sur mes observations personnelles lorsque je me rends à la messe dans une chapelle desservie par un institut traditionaliste, mais aussi sur des témoignages éloquents sur ce qu'était devenue la liturgie après Trente.
Quelques anecdotes (histoires vraies) pour illustrer ce qu'était devenu la liturgie avant le Concile:
- dans les années 1950, un prêtre qui reproche à un jeune vicaire "d'avoir été trop long" en célébrant la messe, et qui lui demande d'être plus rapide la prochaine fois, parce que les cierges coûtent cher et qu'il faut les économiser;
-dans un séminaire, un prêtre qui mesure avec une grande règle la distance exacte séparant les mains du séminariste qui apprend à célébrer la messe, pour vérifier que cette distance entre les deux mains soit bien conforme aux rubriques; pendant ce temps, quasiment aucun enseignement sur la théologie et les principes de base de la liturgie, son lien avec la foi, etc. Pas étonnant qu'une génération de prêtres ainsi mal formée ait eu envie, à un moment donné, de tout balancer par la fenêtre! Idem pour l'orientation: pour la plupart des prêtres formés avant le Concile, l'orientation signifiait que le célébrant tourne le dos au peuple, dans une attitude d'ignorance et de mépris. Personne, dans les séminaires d'alors, ne leur avait expliqué les raisons théologiques et symboliques qui expliquent cette posture liturgique...
-la mère d'un prêtre qui raconte ses souvenirs d'enfance: un matin avant la messe, ayant le gosier complètement desséché au point d'en être douloureux, elle se rend à la sacristie pour demander un verre d'eau. Refus sec du curé: "Jeûne eucharistique!". Attitude typique de celui qui perd de vue la finalité de l'ascèse chrétienne, et qui donc l'impose avec d'autant plus de rigidité qu'il n'en comprend pas le sens;
-chacun connaît ce classique de la littérature française, Les Trois messes basses, d'Alphonse Daudet, un texte très éloquent qui en dit long sur la manière dont était très souvent dite la messe dans l'Eglise post-tridentine...
-enfin, il y a les aberrations du missel de 1962: comme la messe chantée selon ce missel n'est en fait qu'une messe basse du prêtre sur laquelle on superpose une messe chantée par les fidèles et la schola, on en arrive à cette situation ubuesque provoquée par l'application bête et aveugle des rubriques: la récitation solitaire du prêtre étant plus rapide que le chant de l'ordinaire par la schola, le prêtre va s'asseoir en attendant que le chant se termine. Comme on a inséré cette curieuse règle de courtoisie qui veut que les fidèles s’assoient après que le prêtre se soit assis, les fidèles s’assoient eux aussi... alors que le chant de l'ordinaire continue. On en arrive alors à avoir des fidèles assis qui chantent des pièces de l'ordinaire qui, selon la Tradition liturgique, doivent être chantées normalement debout (Kyrie, Gloria, Credo... comment peut-on chanter la gloire de Dieu ou proclamer sa foi en étant assis? Et après ce sont les mêmes qui disent "Nous sommes la Tradition"). C'est une situation totalement anti-traditionnelle, et qui prouve que le clergé et les fidèles fonctionnent par automatismes et ne comprennent pas réellement ce qu'ils célèbrent.
-je passerai sur les messes basses parfaitement consternantes célébrées par des prêtres FSSPX auxquelles j'ai assisté, prêtres qui donnaient clairement l'impression de vouloir se débarrasser de cette pesante contrainte que semblait représenter pour eux la messe quotidienne, ce qui abouti à des gestes précipités, à des prières latines avalées à une vitesse telle, qu'à force de jongler d'une page à l'autre dans mon missel, j'ai fini par perdre le fil de la célébration... situation risible si elle n'était pas tragique.
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