En ce qui concerne les positions papales non-conformes, si nous cherchons bien une situation d'imbroglio similaire à la nôtre, hormis la période conciliaire, nous avons toute désignée, et plus encore, la période janséniste !
Et ce n'est pas un hasard du tout si les catholiques Français ont été en pointe avec Mgr Lefebvre pour pourfendre la déliquescence liturgique. Je suis persuadé, bien que cela ne fasse pas toujours plaisir à entendre, que l'esprit de Port-Royal coule dans nos veines, surtout dans celles des zélateurs de la Tradition. Les séquelles du jansénisme irriguent la pensée Française sans que l'on en ait bien conscience soi-même. Avatar et fils caché de la contre-réforme, il s'est exprimé dans le même élan (avec certainement la nouvelle mèche allumée par un autre jésuite : Molina. Nihil novum...) et participa sans aucun doute au renouveau de l'Eglise.
C'est pourquoi une fois de plus ce débat sur le pape François Ier pourrait prendre durablement racine (on le voit d'ores et déjà) et enkyster l'Eglise de France pour un certain temps. Cela place les catholiques face à un cas de conscience digne du fameux Formulaire, qui a fait éclater les fidèles, le clergé et l'épiscopat pendant des décennies.
Et en osant rechercher la citation violente de l'abbé Gaultier sur les jésuites (suite au ballet moral à Rouen vers 1750), voilà que j'en trouve une extension qui m'avait échappée :
" Le jésuite est toujours jésuite. Simia semper simia. Où les autres ne voient que péril, que tentations, que péché ; un jésuite y voit tout le contraire."
et :
" Les Jésuites sanctifient tous les crimes qu'ils font, ou qu'ils permettent."
Je ne prends pas à mon compte son propos qui jette le bébé avec l'eau du bain : mais combien d'entre nous y trouveront une confortation de leurs opinions !
Au passage, je serai bien curieux de savoir ce qu'il faut penser de l'infaillibilité pontificale appliquée à rebours, notamment sur la Bulle Unigenitus...
Ici, les références des 20 théologiens justement à cette Constitution Unigenitus (!), et au seul Concile de Trente, en plus de la Bible bien sûr, me paraissent donc insuffisantes pour le traitement du cas présent car ils ont le fond sans avoir forcément la bonne méthode, si ce n'est au final en donnant charge au clergé de débattre, de rejoindre, de répondre.
Donc en cherchant pour aujourd'hui des alternatives à la déposition d'un Pape (tout de même !), nous pourrions nous tourner vers cette époque :
- l'Eglise de France n'est plus Gallicane, mais nous avons eu déjà des conciles infra-œcuméniques dans le passé... Même en faisant du légalisme il est possible de voir dans les conciles de Constance et de Bâle combinés (osera-t-on me dire qu'une décision du magistère ou un concile peut abroger un autre concile ?) suffisent à répondre à la question : le concile décide du fond, et, au besoin, une décision du Pape peut faire l'objet d'un procès entamé par un Concile (ce qui s'est passé en 1432 au sujet de la Bulle de dissolution dudit concile de Bâle).
- pour le jansénisme, les appelants (car c'est surement ainsi qu'ils faut voir les 20 précurseurs que nous avons aujourd'hui) se sont progressivement élevés à une foultitude d'ecclésiastiques (qui à la fin bien souvent demandaient au passage la condamnation des thèses des pères Berruyer (jésuite, tiens) et même Hardouin (qui devint archevêque de Paris)).
Bref, si l'on suit le processus d'alors, le pouvoir pour régler cette affaire est bien dans les mains du clergé (du cléricalisme ?) y compris les prêtres, sauf que le recours au Pape s'avère impossible. En ce sens, deux solutions objectives :
- l'appel à un Concile par les ecclésiastiques eux-mêmes (qui ne manquerait pas de panache) pour clarifier ce qu'il faut croire.
- la demande généralisée des prêtres diocésains et religieux, auprès de chacun de leurs évêques respectifs ou supérieurs, afin que chacun de ceux-ci confirme la vérité de ce qu'il faut croire et de ce que l'Eglise enseigne à propos des 7 hérésies dénoncées. Ce qui aurait le mérite de la clarté pour tous.
Le problème pour l'une ou l'autre de ces options, est qu'il faut toujours un premier signataire... et que ça se dégonfle très vite par peur de placardisation.
Enfin, je ne sais si la saisine par un évêque de la Congrégation pour la doctrine de la foi est possible sur ce texte, ça pourrait être très intéressant.
Pfiou, promis ce sera plus court une prochaine fois !
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