Bonjour Regnum Galliae,
Votre question m'inspire celle qui fait office de titre au présent message.
Quand le catholicisme a-t-il commencé à devenir post-orthodoxe ?
Pascendi dominici gregis date de 1907 et a donné lieu à une prise en compte effective.
Mortalium animos date de 1928 et a donné lieu à une prise en compte effective.
Humani generis date de 1950 a n'a pas donné lieu à une prise en compte effective, malgré quelques sanctions, chez les dominicains et chez les jésuites.
Dominus Iesus date de l'an 2000, a encore moins donné lieu à une prise en compte effective, et a même donné lieu à une mise en avant et en valeur a minima, c'est le moins que l'on puisse dire, par Jean-Paul II puis par Benoit XVI.
Qui ne voit que le discours catholique officiel distingue de moins en moins fermement, fortement et fréquemment
- d'une part entre la vérité et les erreurs, à l'intérieur et à la périphérie de la religion chrétienne,
- d'autre part entre ce qui est orthodoxe et ce qui est hérétique, au sein et autour de la foi catholique ?
En d'autres termes, qui ne voit que le discours catholique officiel est de moins en moins fréquemment informatif et régulateur, ou de moins en moins fréquemment normatif, prescripteur et proscripteur, dans l'ordre du croire ?
Qui ne voit que la Profession de foi de Paul VI, le Catéchisme de l'Eglise catholique, Dominus Iesus, le Compendium du Catéchisme ne changent pas grand chose à cette dynamique qui est "parfois", dans le meilleur des cas, une dynamique d'abandon silencieux du discours orthodoxe qui, pour des raisons de forme et de fond, devrait pourtant pouvoir continuer à avoir de l'autorité et à faire autorité, chez les clercs et les fidèles ?
Compte tenu du fait que le catholicisme est "post-orthodoxe" depuis déjà plus d'un demi-siècle (le début de l'après-Concile, sous Paul VI, ayant quasiment officialisé toute une dynamique, dite "pastorale", de contournement et de dépassement des fondements et du contenu de l'orthodoxie, mais aussi du respect et du souci de l'orthodoxie, qui a commencé à apparaître dès le début de l'avant-Concile, sous Pie XII), qu'est-ce qui amène les dénonciateurs des hérésies du pape François à dénoncer ces hérésies bien plus que les manifestations d'hétérodoxie, ou les manifestations propices à de l'hétérodoxie, qui se sont produites après 1945, puis après 1965 ?
Il y a une autre manière de poser une question assez proche, bien souvent sans réponse, dans ce domaine : y a-t-il une différence de degré ou une différence de nature, par exemple entre une partie de "Casablanca 1985" et une partie de "Abu Dhabi 2019" ?
S'il y a uniquement une différence de degré, pourquoi ne pas le dire, s'il y a vraiment une différence de nature, pourquoi ne pas le dire, et surtout, s'il y a uniquement une différence de degré, pourquoi ne pas le dire, et pourquoi ne pas en tirer les conclusions qui s'imposent, sur la nature de la maladie dont il est question ici ?
Toute cette affaire me penser aux catholiques
- qui ne sont "pas contre" l'inclusivisme périphériste, tant que celui-ci a surtout des conséquences "ad extra", dans le cadre de la mise en oeuvre du dialogue interreligieux,
MAIS
- qui ne sont "pas pour" le positionnement "pastoral" qui, en un sens, le complète plus qu'il ne le contredit, à partir du moment où ce positionnement, comme c'est le cas depuis mars 2013, commence à avoir des conséquences ad intra...
Bonne journée.
Scrutator.