Paul VI n'avait pas formellement répondu au mémoire de l'abbé de Nantes.
Le pape François a déjà "répondu" indirectement par avance et dès les premiers instants de son pontificat. Il considère la "doctrine" comme sans importance et la "miséricorde" - comprise comme porte ouverte au laxisme éthique le plus total selon la lecture très personnelle qu'en a faite le cardinal-théologien Walter Kasper et feu le cardinal jésuite Martini - comme l'instance suprême de sa "foi en l'humanité".
Le Pape a usé de cette formule tout récemment à l'occasion d'un curieux "pèlerinage" de célébrités britanniques qui comportait plusieurs religions et des athées proclamés.
Le projet annoncé de refonte de la Curie plaçant le dicastère créé par Benoît XVI, fusionné avec celui de l'évangélisation des peuples (l'ancienne Propaganda Fide), comme dicastère suprême au-dessus de la secrétairerie d'État irait dans ce sens.
Il y aura peut-être des sanctions qui frapperont les auteurs pour cause d'orthodoxie doctrinale comme c'est arrivé en Espagne il y a quelques mois.
Le processus de transformation de l'Église catholique, apostolique et romaine en une Désunion anglicano-catholique doublée d'un MASDU* écolo-compatible s'accélère sous nos yeux.
* formule de l'abbé de Nantes : Mouvement d'animation spirituelle de la démocratie universelle. Ceci pour décrire la mondanisation du néo-catholicisme de plus en plus muet sur les biens théologiques et la quête du salut et de plus en plus bavard sur les réalités terrestres qui relèvent au premier chef des pouvoirs temporels (la Doctrine sociale de l'Église se bornant à des grands principes).
Il était à l'oeuvre depuis les années de plomb 1960-1980 mais les papes post-Vatican II avaient plutôt freiné voire parfois contrecarré ce processus de décomposition interne.
Toutefois aucun n'a voulu purger la partie notable de la Hiérarchie et les congrégations religieuses et les instances de "formation" gangrenées par les théories du néo-catholicisme et pour certains par la corruption morale (abus sexuels, financiers et pire parfois encore). Sans compter les caméléons : woyjtyliens sous Jean Paul II, ultra-bergogliens sous François, l'approche courtisane leur servant de "doctrine". Le cardinal Schönborn est exemplaire à cet égard, le cardinal Ouellet l'a montré depuis 2018.
Après tout qui a sanctionné les hérésies d'un Mgr Quinn ? A-t-on soumis les élucubrations du cardinal Martini à la CDF ? Les formules douteuses du cardinal Kasper ont certes été débattues publiquement par le préfet de la CDF, Joseph Ratzinger, et des mises au point doctrinales effectuées par Jean Paul II à leur encontre MAIS ledit Cardinal est resté préfet de dicastère jusqu'en 2010 sans encombre. Jésuites et dominicains ont répandu les pires erreurs sans souci, en dépit des objurgations de tous les papes de 1970 à 2013. Les universités "catholiques" ont continué leur laïcisation profonde malgré la constitution de 1990 demeurée lettre morte : le recteur, le trop fameux P. Jenkins, de l'université Notre-Dame promeut maintenant le gender et la pornographie dans son établissement, le P. Martin sj y est honoré comme un nouveau saint Augustin. Qu'ont fait pratiquement Jean Paul II et Benoît XVI ? Rien. Les effarantes religieuses dissidentes américaines ? Au final rien.
Le pape François n'a pas eu à chercher loin son personnel de confiance : ils/elles étaient là avec le plein accord et soutien donc des papes Jean Paul II et Benoît XVI. Qui a créé cardinal l'archevêque de Buenos Aires ? Maradiaga a été fait sous Jean Paul II, McCarrick est lui aussi promu sous Jean Paul II, Cupich est devenu évêque sous ce Pontife... même Farrell le bras droit et disciple de McCarrick est propulsé évêque de Dallas en 2007 par Benoît XVI, Wuerl a fait carrière sans désemparer etc. C'est Benoît XVI qui a appelé Mgr Roche, c'est encore lui qui a promu Mgr Forte, c'est encore lui qui a propulsé Mgr Paglia, le cardinal que l'actuel Pape a utilisé pour détruire radicalement l'oeuvre de Jean Paul II via l'Institut qui porte son nom.
Au fond, ce que la radicalité des engagements du pape François rend visible au grand jour, c'est que le Kondratiev d'effondrement spirituel était bien entamé avant son élection en 2013, que tout était bien en place et que le redressement réel de 1975 à 2013 n'avait été que superficiel, sans enrayer en Occident et en Amérique latine, le processus de déclin en profondeur et de sécularisation/mondanisation/corruption générant le néo-catholicisme qui s'étale désormais sans masque.
Le très petit nombre des cardinaux qui élèvent la voix, le nombre infime d'évêques qui ont parlé pour la Tradition, l'absence de réaction dans la plupart des institutions d'enseignement supérieur catholiques, dans les ordres et congrégations, ce manque de Pierre Damien, d'Ignace de Loyola, de Catherine de Sienne et d'Adrien VI parle de lui-même.
Qui ne dit mot consent.
Il faudrait reprendre le Manifeste pour un nouveau catholicisme publié sous Benoît XVI par Golias et Christian Terras : on y verrait sûrement que la feuille de route était tracée, comme dans les livres et interviews du cardinal Martini.
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