d'être une "mamie bigoudi" ? ... sans doute pas plus que ce bon jejomau ou moi-même. Chacun a ses limites.
Sur le fond.
Le brouillage du rapport clerc/laïc et l'idée - fausse - que des petites minorités vieillissantes de laïques formées à la néo-liturgie et au néo-christianisme constituent une solution viable pour l'Église qui décline en France sont deux redoutables erreurs.
Le modèle poitevin (la vision de Mgr Rouet) est une impasse totale, impasse dont La Croix continue à faire la promotion avec acharnement, dans ce dossier. I. de Gaulmyn l'avoue sans fard ; il s'agit de ravaler le clerc aux marges de la vie de l'Église et un jeune prêtre formé dans cette idéologie pernicieuse l'énonce :
"Et on entretient l’idée d’une solution provisoire, illusoire, comme le souligne ce jeune prêtre de Nevers de 33 ans, le P. Sébastien Courault : « Si dans le diocèse arrivent d’un seul coup 50 candidats à la prêtrise, va-t-on renvoyer les laïcs ? Bien sûr que non ! » "
Elle affirme auparavant une contre-vérité usuellement répétée : pourtant je suis sûr que Mme de Gaulmyn connaît très bien la distinction radicale que fait Lumen gentium entre le sacerdoce commun des baptisé(e)s et le sacerdoce ministériel (ordonné) :
"Théologiquement, Vatican II, en réaffirmant le sacerdoce de tous les baptisés, ouvre la voie à une prise de responsabilité des laïcs. Mais, historiquement, la raison est beaucoup plus prosaïque : c’est le manque de prêtres qui est à l’origine de la prise en main d’un nombre toujours plus important de fonction d’Église par les laïcs."
Non Vatican II ne met pas tout le monde dans le même sac comme Luther. Ajoutons enfin que sans rien changer à la Tradition et dans un contexte de répression féroce et de surveillance totalitaire, quelques milliers de chrétiens cachés japonais ont pu survivre sans se méprendre sur le sacerdoce ordonné, sans se substituer au prêtre, sans même la Messe - cas extrême - et cela pendant 250 ans.
Cet engagement des laïcs (femmes et hommes) n'a rien au demeurant de nouveau jusqu'à un certain point et heureusement. Les communautés traditionnelles ont de nombreux laïcs impliqués à commencer par les petits et grands clercs, les chorales, les personnes engagées dans la catéchèse, le fleurissement etc. Souvent les associations/groupes de laïcs sont même à l'origine des communautés, c'est d'ailleurs la législation de 1984-1988 puis de 2007.
L'Église peut-elle se dispenser sereinement, c'est ce que souhaite I. de Gaulmyn et bien d'autres avec elle, de prêtres ? Peut-elle s'installer avec confort dans une absence de clercs et faire du provisoire un "bien" définitif, alignant de facto le catholicisme sur le sacerdoce universel protestant ?
Les chrétiens cachés japonais étaient à mille lieues de la proposition d'I. de Gaulmyn (ou de ce que suggère le P. Villemin après bien d'autres depuis les années 1980 dans l'espace germanophone). Ils ont vécu en attente de prêtre, en prenant grand soin à ce que les laïcs investis comme baptiseurs ne se substituent pas au prêtre, ceux qui le pouvaient - ce qui était périlleux - faisait le pèlerinage effectué par Jean-Paul II pendant son voyage à la colline des martyrs pour regarder au loin si le seigneur situé au-delà des mers (= le pape) avait envoyé des navires avec des prêtres.
Point besoin donc de glisser vers l'hérésie protestante pour survivre et personne ne peut décemment prétendre que nos conditions sociales sont pires que celles de ces chrétiens japonais qui ont tenu 250 ans.
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