Bonjour Christiank,
Vous avez évidemment raison, cela étant le "soixante-deuxardisme" est devenu "ringard", ou inadapté car obsolète, dès le milieu des années 1960, mais pas avant tout dans le domaine de la liturgie, loin de là.
C'est non seulement au contact de telle ou telle contestation interne, intégriste ou progressiste, mais aussi au contact de ce que sont devenus la conception libérale de la liberté religieuse, telles confessions chrétiennes non catholiques, telles religions non chrétiennes, ainsi que l'homme et le monde contemporains, que l'anthropologie personnaliste, l'ecclésiologie oecuméniste, la pneumatologie inclusiviste et la politologie intégraliste conciliaires, ou "soixante-deuxardes", ont commencé à devenir "ringardes".
Dans la vie, dans la vie du peuple de Dieu, il peut être bon que l'Eglise se rapproche des autres, en l'occurrence de ceux qui sont à distance des enseignements de l'Eglise sur l'homme, sur l'Eglise, sur Dieu, sur le monde, donc des enseignements qui sont inspirés par Jésus-Christ, dans l'espoir d'avoir un Magistère et une pastorale plus propices aux conversions, à la fécondité spirituelle, à la fidélité doctrinale, etc.
Mais qu'arrive-t-il si, dans le même temps et par la suite, en aval presque immédiat de l'enclenchement de cette adaptation "pastorale", bon nombre de chrétiens non catholiques, de croyants non chrétiens et de non croyants continuent à être à distance de ces enseignements, voire commencent à être, encore plus qu'en amont, à distance des mêmes enseignements ?
Considérons ce que sont devenus, notament, la conception libérale de la personne humaine, ou plutôt la conception postmoderne de l'individu contemporain, le protestantisme, l'islam, ainsi que les aspirations de l'homme et l'orientation du monde contemporains, encore plus depuis le début des années 1980 que depuis celui des années 1960.
Qui ne voit que bien des interlocuteurs potentiels de l'Eglise catholique, tels qu'ils ont été imaginés par les clercs "soixante-deuxards", ont changé au point d'invalider, en plus ou moins grande partie, le regard et le discours "soixante-deuxards" à leur égard, et au point de contraindre les clercs "soixante-deuxards" ET AUSSI leurs continuateurs à adhérer à une espèce de consensualisme évolutionniste ou d'irénisme suiviste presque indéfini, dans l'espoir de finir par arriver à avoir le "bon" regard et le "bon" discours sur et vers les non catholiques, les non chrétiens et les non croyants ?
Ainsi, il est arrivé au Concile Vatican II ce qu'il peut arriver de pire à un Concile d'adaptation : il s'est avéré assez rapidement que ce Concile était inadapté, obsolète, au contact et en raison de changements et de mouvements, anthropologiques, civilisationnels, etc., qui se sont produits depuis l'extérieur de l'Eglise catholique, et qui sont allés encore plus loin et vite que les changements et les mouvements produits entre 1945 et 1960.
Paradoxalement, Veritatis splendor est beaucoup moins "dépassé" que Gaudium et spes, notamment parce que VS ne fonctionne pas à l'irénisme, à l'optimisme et à l'utopisme, au contact des hommes et du monde de ce temps, à la différence de GS.
Bon dimanche de la Pentecôte.
Scrutator.