peut être faite entre, d'une part, l'étude des liturgies médiévales, diocésaines, canoniales, monastiques et leur évolution vers l'unification progressive de fait dans les livres liturgiques proposés par Pie V,
et, d'autre part, l'étude de la dialectologie romane, la diversité ancienne des dialectes, et leur unification progressive vers une langue moderne unifiée.
L'époque est la même, à la charnière des XVIe et XVIIe siècles, on relève partout l'esprit humanistique, l'incompréhension à l'égard des époques précédentes, qualifiées de "moyen-âge" ou "gothique", la tendance à la systématisation, l'évolution vers l'absolutisme du pouvoir, pontifical ou royal etc...
De plus, on reconnaitra l'influence majeure de l'invention de l'imprimerie, la systématisation des langues et de leur orthographe rendues nécessaires par la technique typographique.
La diffusion du livre à grand tirage, donc bon marché, face à la cherté des éditions de petit tirage, dialectales ici, diocésaines ailleurs.
Enfin pour la liturgie, on imagine mal la complexité de la célébration médiévale, la subtilité des textes tels que les séquences virtuoses à la manière d'Adam de Saint-Victor, la multiplicité considérable des textes, antiennes, répons, collectes etc...la technicité des postures et des gestes.
Les frères mineurs avaient, dès le XIIIe siècle, appliqué aux célébrations des simplifications considérables, des suppressions nombreuses, à la différence des autres ordres mendiants, prêcheurs et carmes, bien plus conservateurs.
Mais le fonds du rit des mineurs, même allégé et dépouillé de précieux trésors, n'a rien de novateur. Il repose sur les plus anciens témoins, le psautier, l'hymnaire etc.. pour l'office, les sacramentaires, les plus anciens "libelli" et les premiers "missels pléniers"dans lesquels un allègement ou un "choix" a été fait pour répondre aux statuts et aux conditions de vie et de ministère des frères mineurs.
La liturgie proposée -mains non imposée- par Pie V n'est autre que celle des frères mineurs, devenus au XIVe siècle chapelains de la cour pontificale romaine. Il était inévitable que ce rit particulier à un ordre religieux devint à l'époque moderne le rit dit "romain".
La simplicité, la brièveté de la célébration, son caractère fortement répétitif, la diffusion bon marché des livres dans des diocèses parmi un clergé ruiné en France par les Guerres de Religion, ont été les moteurs principaux de la diffusion de la liturgie Pie V dans les diocèses, sauf exceptions. Les ordres monastiques et canoniaux, plus populeux et plus résistants, ont conservé légitimement leurs usages jusqu'à nous.
Les liturgies néo-gallicanes des XVIIIe et en partie du XIXe s. ont une toute autre origine et une toute autre histoire.
On ne peut séparer le Concile de Trente ou s. Pie V et l'application qui a été faite de leurs décisions, du contexte général.
Et les considérer à l'aune de conditions actuelles revient à commetre un impardonnable anachronisme.