Vous dites : "Favoriser (en ne désertant pas le débat) un acte qui n'est pas mauvais en soi (le vote) d'où sortira la situation la moins mauvaise possible".
Il n'y a pas d'acte de voter indépendamment de ce que l'on vote, et c'est l'acte de voter pour telle ou telle chose dont doit être considérée la valeur morale. Le vote est la coresponsabilité d'une décision ; quand on vote on prend une décision par rapport à ce pour quoi on vote, qui est directement voulu dans l'acte de vote.
Je ne dirais pas comme l'abbé de Tanouarn : de toute façon mon acte de voter est bon, donc je dois voter, en faisant en sorte que les conséquences soient les moins mauvaises. Cela, à mon avis, repose sur une mauvaise analyse de l'acte moral en question. Le vote est une codécision de ce pour quoi on vote, ce qui est très différent.
L'acte moral de ceux qui voteraient la loi sur le suicide assisté ne serait pas "le vote" ; évidemment l'acte moral c'est l'engagement et la complicité dans la structure de péché instituée, et l'objet de l'acte n'est pas "le vote".
Et vous dites "déserter" ou pas le débat, mais en fait il faut dire dire : « accepter ou non les termes du débat tels qu'on prétend les imposer », accepter l'alternative qu'on nous impose. Liberté et vérité exigent de ne pas se laisser enfermer dans des présupposés. Et si on est exclu de fait du débat, parce qu'on n'accepte pas de se laisser enfermer dans l'alternative, ce n'est pas qu'on ait déserté le débat.
Mais comme le dit Regnum Galliae, le principe du moindre mal qui est en fait invoqué par le P. Casalone, pour évaluer le vote du parlementaire, n'est pas un principe moral catholique, il est nié au contraire par la morale catholique, car la volonté ne peut acquiescer à un mal, même s'il évite un plus grand mal. Ainsi on ne peut soutenir une décision qui décide l'extermination des hommes juifs du fait que ça la limite aux hommes, même si on est persuadé qu'ainsi on l'évitera aux femmes juives. C'est autrement qu'il faut se battre, même si l'option du moindre mal paraît beaucoup plus efficace.
En fait le P. Casalone met en oeuvre le nouveau paradigme de la participation des catholiques à la démocratie défini par le pape François : « Au sein des sociétés démocratiques, des arguments délicats de ce type doivent être affrontés avec calme : de façon sérieuse et réfléchie, et bien disposés à trouver des solutions — notamment normatives — le plus possible partagées. D’un côté, en effet, il faut tenir compte de la diversité des visions du monde, des convictions éthiques et des appartenances religieuses, dans un climat d’écoute et d’accueil réciproque. De l’autre, l’État ne peut renoncer à protéger tous les sujets concernés, en défendant l’égalité fondamentale selon laquelle chacun est reconnu par le droit comme être humain qui vit avec les autres en société[34] ».
Autrement dit : adhérer et jouer pleinement le jeu de la démocratie telle qu'elle est conçue par la modernité (il s'agit de rattraper nos « siècles de retard »). Les exigences de la foi et de la morale catholique s'inclinent devant l'étendard de cette démocratie là.
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