Officiel et révélateur : la FSSP persiste dans le refus de concélébrer la messe chrismale avec l’évêque du lieu
Ce matin, dérobade théologiquement alarmante de l’abbé Bonnin, secrétaire du district de France de la Fraternité Saint Pierre :
Radio Notre-Dame est peu suspecte de tendre des pièges aux traditionalistes : c’est librement que, ce matin, l’abbé Pierre-Emmanuel Bonnin [photo] a confirmé sans le vouloir le bien-fondé du motu proprio du pape François restreignant la faculté de célébrer selon le missel de 1962. Interrogé en effet sur le refus – par les prêtres FSSP dans des diocèses – de concélébrer la messe chrismale avec l’évêque du lieu, l’abbé Bonnin a affirmé que l’on pouvait “dépasser” ce problème… en relativisant la portée du refus de concélébrer ! À la messe chrismale, a-t-il affirmé, “on manifeste notre communion [avec l’évêque et les prêtres du diocèse] en étant présents”. Présents mais seuls inactifs pendant la consécration…
Faut-il comprendre que pour la FSSP la simple présence physique serait en elle-même un signe aussi efficace que la co-consécration eucharistique avec l’évêque revêtu de la plénitude du sacrement de l’ordre ? Ce serait un surprenant mépris envers l’eucharistie, de la part de gens qui parlent sans cesse du rôle central de la messe !
En réalité les hommes de la FSSP et une fraction de leurs ouailles, héritiers de vieux préjugés intégristes, continuent à croire que l'eucharistie de la “messe de Paul VI” (forme ordinaire du rite romain) est plus ou moins invalide et qu’il ne faut avoir avec elle nullam partem. De même, et c’est lié, ils continuent à croire que les textes de Vatican II sont toxiques...
Ils font erreur sur ces deux points – et n’y ont aucune excuse, parce que ces objections aussi vieilles que le lefebvrisme sont réfutées depuis longtemps.
Sur la non-participation des prêtres FSSP à la consécration avec l’évêque lors de la messe chrismale, on ne peut que faire à l’abbé Bonnin et à ses supérieurs la réponse que leur fait le P. Michel Viot : “Quand l’évêque préside, c’est un devoir de concélébrer”. Et on leur suggère de lire la constitution dogmatique de Vatican II sur l’Eglise, Lumen gentium… Au paragraphe 26, citant saint Thomas d’Aquin et saint Augustin, elle déclare ceci, qui aide à comprendre pourquoi il faut concélébrer à la messe chrismale :
<< L’évêque, revêtu de la plénitude du sacrement de l’Ordre, porte « la responsabilité de dispenser la grâce du suprême sacerdoce [84] », en particulier dans l’Eucharistie qu’il offre lui-même ou dont il assure l’oblation [85], et d’où vient à l’Église continuellement vie et croissance. Cette Église du Christ est vraiment présente en toutes les légitimes assemblées locales de fidèles qui, unies à leurs pasteurs, reçoivent, dans le Nouveau Testament, eux aussi, le nom d’Églises [86]. Elles sont, en effet, chacune à sa place, le peuple nouveau appelé par Dieu dans l’Esprit Saint et dans une grande assurance (cf. 1 Th 1, 5). En elles, les fidèles sont rassemblés par la prédication de l’Évangile du Christ, le mystère de la Cène du Seigneur est célébré « pour que, par le moyen de la Chair et du Sang du Seigneur, se resserre, en un seul Corps, toute la fraternité [87] ». Chaque fois que la communauté de l’autel se réalise, en dépendance du ministère sacré de l’évêque [88], se manifeste le symbole de cette charité et « de cette unité du Corps mystique sans laquelle le salut n’est pas possible [89] ». Dans ces communautés, si petites et pauvres qu’elles puissent être souvent ou dispersées, le Christ est présent par la vertu duquel se constitue l’Église une, sainte, catholique et apostolique [90]. Car « la participation au Corps et au Sang du Christ n’a pas d’autre effet que de nous transformer en ce que nous recevons [91] ». Mais toute célébration légitime de l’Eucharistie est dirigée par l’évêque à qui a été confiée la charge de présenter à la Majesté divine le culte de la religion chrétienne, de le régler selon les préceptes du Seigneur et selon les lois de l’Église, auxquelles il apporte, pour son diocèse, par son jugement particulier, les déterminations ultérieures. >>
Et au paragraphe 28 :
<< Coopérateurs avisés de l’ordre épiscopal [108] dont ils sont l’aide et l’instrument, appelés à servir le Peuple de Dieu, les prêtres constituent, avec leur évêque, un seul presbyterium [109] aux fonctions diverses. En chaque lieu où se trouve une communauté de fidèles, ils rendent d’une certaine façon présent l’évêque auquel ils sont associés d’un cœur confiant et généreux, assumant pour leur part ses charges et sa sollicitude, et les mettant en œuvre dans leur souci quotidien des fidèles. Sanctifiant et dirigeant, sous l’autorité de l’évêque, la portion du troupeau du Seigneur qui leur est confiée, c’est l’Église universelle qu’ils rendent visible aux lieux où ils sont, et c’est le Corps entier du Christ à l’édification duquel (cf. Ep 4, 12) ils contribuent efficacement. (…). En raison de cette participation au sacerdoce et à la mission de leur évêque, les prêtres doivent reconnaître en lui leur père et lui obéir respectueusement. (…) Tous les prêtres, par conséquent, tant diocésains que religieux, en raison de l’ordre et du ministère, sont articulés sur le corps des évêques et, selon leur vocation et leur grâce, sont au service du bien de l’Église entière. >>
L’autorité d’un concile œcuménique est suprême dans l'Eglise. Les ex-lefebvristes, et les jeunes gens formés par eux, s’y dérobent pourtant – au moins en partie – à coups de dubia (pourtant résolus depuis trente ans) et d’affirmations absurdes telles que le sempiternel "Vatican II n’est pas un concile dogmatique" : mensonge maladroit, puisque ce concile a élaboré et voté les deux constitutions dogmatiques Lumen gentium et Dei Verbum !
Comme la FSSPX, la FSSP patauge* : elle fonde ses attitudes sur le rejet de Vatican II et de la messe de saint Paul VI, tout en ne parvenant pas – et pour cause – à démontrer l’hétérodoxie de ce concile et l’invalidité de cette messe. Combien de temps encore durera ce cafouilleux bricolage sectaire ? Rappelons que c'est face à cette même attitude de la part des lefebvristes que Benoît XVI avait rompu les discussions avec Mgr Fellay...
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* FSSPX et FSSP : comme disait naguère Mgr Wach, "la fille ressemble à la mère..."
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