En quelques mots : Vatican II a été un "concile pastoral", c'est-à-dire qu'il était destiné à répondre aux besoins d'une époque, l'après-guerre, qui a culminé dans les années 60 que l'on peut considérer comme celles du triomphe du modernisme.
Par modernisme, j'entends d'une manière très générale, une forme avancée de l'esprit des Lumières, une confiance inébranlable dans la raison et le progrès, une aspiration de l'homme à l'autonomie et à l'indépendance.
L'idée du Concile était de réconcilier le monde moderne avec l'Église.
Au bout du compte, ce projet a échoué. Le monde moderne n'a pas accepté la main que lui tendait l'Église. L'Église n'a pas réalisé que ce monde moderne qu'elle voulait embrasser et qui semblait invincible, était sur le point de se transformer, de muter, en ce qu'il convient d'appeler le postmodernisme.
Selon moi, le basculement s'est effectué, pour la France, entre 1973 et 1983. 1973, fin des "30 Glorieuses", début de la crise économique. 1983, le tournant de la rigueur, fin de l'utopie socialo-communiste. L'effondrement de l'URSS, quelques années plus tard, confirmera et accentuera la crise de l'utopie révolutionnaire.
Le modernisme était naturaliste, il s’attaquait à l’ordre surnaturel en prônant le rationalisme. Le postmodernisme rejete l’ordre naturel, la raison, la possibilité même du sens.
Le modernisme était universaliste, le postmodernisme est communautariste, c’est un "identitarisme" transnationaliste basé sur la sexualité, le genre, la race.
Le modernisme était utopiste, le postmodernisme est désenchanté, nihiliste, fruit de la désagrégation de tous les repères.
Le modernisme s’attaquait à l’ordre présent, le postmodernisme s’attaque au principe même de l’ordre.
Bref, Vatican II a échoué dans sa tentative de se concilier le monde moderne, à la fois parce que ce dernier a interprété le Concile comme une forme de faiblesse et n'a pas accepté la main que l'Église lui tendait, mais aussi parce que cette modernité, qui semblait alors triomphante, était en fait un colosse au pied d'argile sur le point de s'effondrer.
Cinquante ans plus tard, le contexte culturel est très éloigné de celui des années 60. L'Église n'a plus en face d'elle des apostats rationalistes mais des néo-païens nihilistes et donc l'approche pastorale de Vatican II se trouve complètement dépassée. Il faut tout reprendre à la racine ; comme lorsque les missionnaires arrivaient dans une tribu animiste. C'est même pire, parce que ces sauvages avaient souvent conservé plus d'éléments de la loi naturelle que nos contemporains.
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