Bonjour françois d'Avila,
Je m'exprime ci-dessous sans préjuger d'autres positions, présentes sur le FC.
D'une part, je ne suis pas de ceux qui réussissent à disposer, en priorité, de "flingues", en vue de telle ou telle polémique, mais je suis de ceux qui essaient de disposer, en priorité, d'arguments et de documents, en vue de telle ou telle analyse, en l'occurrence du Concile Vatican II.
Après tout, je n'ai rien contre ce qu'il y a d'orthodoxe et de réaliste, ou encore de respectueux de l'identité et de l'intégrité de la foi catholique, dans Dei verbum, dans Lumen gentium, dans Sacrosancto concilium, dans Ad gentes, etc., à condition, évidemment, que ce dont il est question ici soit vraiment porteur d'orthodoxie et de réalisme, et soit vraiment propice au respect du catholicisme par les catholiques.
D'autre part, je crois pouvoir dire que la "cible" n'est pas avant tout le Concile Vatican II, mais est avant tout une vision des choses, à caractère philosophico-théologique, que certains clercs ont commencé à insinuer ou à instiller, plus ou moins en douceur, dans l'Eglise catholique, particulièrement à partir de l'année 1937, compte tenu du fait que c'est à partir de cette année-là que Chenu, Congar, Rahner, ont particulièrement commencé à se manifester, Teilhard ayant commencé à le faire après 1945, et surtout après sa mort, en 1955.
Or, le moins que l'on puisse dire est que cette vision des choses a eu une influence considérable sur certains textes du Concile, Congar et Rahner ayant inspiré une assez grande partie de la nouvelle ecclésiologie, conciliaire, c'est le cas de le dire, alors que d'autres auteurs (dont Haring et Murray) ont inspiré d'autres composantes du Concile(respectivement Gaudium et spes et Dignitatis humanae), et alors que Chenu et Teilhard ont eu une influence plus indirecte.
Tout çà pour dire quoi, sinon ce qui suit ? Le Concile (à cause d'un certain nombre de vices de conception et de vices de réception) a été, notamment, une instance d'accélération, d'amplification et de légitimation d'une vision des choses, préexistante et inspiratrice, qui a commencé à se manifester au moins vingt ans avant sa clôture.
Lisez "L'histoire des crises du clergé français contemporain", de Paul VIGNERON...
En tout cas, je tiens à vous assurer que, notamment dans mon cas, il n'y a pas de "diabolisation a priori", militante et partisane, du Concile Vatican II, et que ma critique d'au moins une partie du Concile ne découle pas davantage d'une idéalisation rétrospective de l'avant-Concile.
Des crises dans l'Eglise, il y en a déjà eu, avant Vatican II, mais chacun est en mesure de comprendre ou de percevoir que, au moins depuis 1945 ou, en tout cas, depuis 1950 (cf. Humani generis), nous sommes en présence d'une crise d'une nature tout à fait particulière, dont on ne peut plus dire qu'elle découle de problèmes d'adaptation pastorale ou stylistique qui auraient un caractère provisoire ou transitoire, et dont on doit dire qu'elle découle d'un changement d'orientation doctrinale ou stratégique d'une extrême gravité.
Bonne journée.
Scrutator.