Ça vous arrangerait sans doute, je peux le comprendre, qu’on oublie tout cela, surtout après votre affirmation si péremptoire que, dans les lettres de saint Jérôme, “il n’est jamais question de ce que peut dire ou ne pas dire le pape”.
Mais en même temps que la célèbre proclamation de saint Jérôme en faveur de la primauté romaine, vous passeriez sous silence que, sur cette querelle théologique, s’était greffé ce qu’on a appelé le “schisme d’Antioche” (¹) : un schisme mettant aux prises, pendant 70 ans, au moins trois évêques – et même un moment quatre – se disputant le siège patriarcal. Et qui, franchement, qui mieux que le pape pouvait trancher cette interminable querelle ?
Certes, dans sa lettre, Jérôme ne cache pas préférer le “latin” Paulin à saint Mélèce, qui a notamment à ses yeux l’inconvénient d’employer, comme l’hérétique Sabellius, le mot hypostase pour désigner les trois personnes divines. Mais il n’empêche qu’il s’en remet totalement au pape, et il le lui écrit :
“Je ne connais point Vital, je rejette Mélèce, j’ignore Paulin. Quiconque ne recueille pas avec toi disperse: quiconque n’est au Christ est à l’Antéchrist.”
“Décidez, de grâce, s’il vous plaît, et je ne craindrai pas de dire qu’il y a en Dieu trois hypostases…”
“Je supplie votre Béatitude, par le Sauveur crucifié, par la Trinité consubstantielle, de m’autoriser par ses lettres à taire ou à employer ce mot.” (Epist. XV ad Damasum Papam.)
V.
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¹ F. Cavallera,
Le schisme d’Antioche (IVe-Ve siècle), Paris, 1905.
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