Pour m’en tenir à une seule de vos affirmations contestables, vous écrivez terminer en ce moment la lecture des huit tomes des lettres de saint Jérôme : “Il évoque de nombreux sujets, avec de nombreux correspondants, et il n’y est jamais question de ce que peut dire ou ne pas dire le pape”.
Amnésie ou troubles de la vue ? Moi, je lis dans la lettre XV que saint Jérôme écrit à saint Damase (“ad Damasum Papam”) : “Vous êtes la lumière du monde, vous êtes le sel de la terre ; chez vous sont les vases d’or et d’argent ; ailleurs, les vases de terre et de bois, réservés à la verge de fer qui les brisera et à l’éternel incendie qui les dévorera”. Il veut “consulter la chaire de Pierre et cette foi romaine louée par saint Paul” : “Je sais que l’Église est bâtie sur cette pierre. Celui-là est un profane, qui mange l’agneau pascal hors de cette demeure. Si quelqu’un n’est pas dans l’arche de Noé, il sera submergé par le déluge.” (¹)
C’est bien évidemment au successeur de Pierre que s’adresse saint Jérôme : sa confiance repose sur la prière et les promesses du Christ, et non sur les qualités personnelles du pape. Il fut du reste payé pour le savoir, lui qui dut s’exiler à la mort de saint Damase.
En revanche – et nous sommes plusieurs ici à l’avoir déjà expliqué à BK – il n’est écrit nulle part que le siège romain sera constamment occupé par un vrai successeur de Pierre. Parmi d’autres, les papes Paul IV et saint Pierre étaient convaincus du contraire, et leur législation le prouve en des termes dépourvus de toute équivoque. Paul IV y faisait d’ailleurs allusion au passage bien connu du décret de Gratien : “celui qui doit juger de tous ne doit lui-même être jugé par personne, à moins qu’il ne soit repris pour avoir erré dans la foi”.
J’ajoute que Vatican I n’y a évidemment rien changé : l’infaillibilité qui y fut proclamée n’a rien à voir avec les opinions personnelles du pape. J’ai déjà cité le cardinal Manning, pourtant grand défenseur du magistère infaillible du Pontife romain, et la réponse du cardinal Newman aux objections du Duc de Norfolk sur ce sujet.
C’est pourquoi, entre parenthèses, je vous trouve bien imprudent de comparer Zozime et François. Il est possible que Zozime se soit montré pour sa part trop indulgent envers la personne des pélagiens, mais on reste de toute façon fort loin de François qui, en donnant raison à Luther sur la doctrine de la justification, contredit inévitablement l’enseignement du concile de Trente à ce propos : “Et aujourd’hui, luthériens et catholiques, avec tous les protestants, nous sommes d’accord sur la doctrine de la justification : sur ce point si important, lui ne s’était pas trompé.”
Quiconque s’exprime de la sorte peut légitimement être soupçonné de s’écarter de la foi, d’autant que ce n’est ni la première ni la dernière fois qu’il contredit publiquement l’enseignement de l’Église.
V.
___________
¹ Jacques Tescelin, Saint Jérôme, Association Saint-Jérôme, 2016, p. 14.
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