qui tenait que le pape ne saurait tomber dans l'hérésie, ni dans son magistère (ce qu'il tenait pour certain), ni comme personne privée (opinion qui lui paraissait la plus probable, et qu'il faisait donc sienne).
Le problème, cher Lycobates, c'est que pour vous, la situation telle que vous la voyez rend l'opinion la moins probable la plus certaine et vérifiée.
Du coup, cela fausse radicalement votre regard et vos appréciations.
Rectifions donc ce qu'a dit Alanian : le pape a juridiction, quoique les fidèles puissent penser de ce qu'il enseigne, car s'ils y voient des erreurs, ils se trompent.
--------------- Rappels sur Saint Robert Bellarmin SJ pour les derniers liseurs arrivés ---------------
Saint Robert BELLARMIN SJ, De romano Pontifice (1577)
1. Très certain et à tenir
Le pape ne peut en aucun cas errer dans son magistère, quand il définit qu'une doctrine est à tenir par l'Église entière :
- en matière de Foi (IV,3) ;
- en matière morale nécessaire au Salut, ou en ce qui de soi est bien ou mal, vice ou vertu (IV,5).
L’Église catholique romaine ne peut, comme Corps conduit par Pierre, errer ni apostasier (IV,4).
2. Probable et peut être cru pieusement
Le pape ne peut être hérétique comme docteur privé, en tenant avec pertinacité quelque idée contraire à la Foi (IV,6-7) [thèse qui n’est pas totalement certaine au sens fort du mot en Logique].
La Chaire de Pierre ne peut être séparée de la Ville de Rome (IV,4).
3. Improbable au regard du 1&2 (faux au regard du 1, improbable au regard du 2)
Le pape peut tomber dans l'hérésie (II,30).
4. Cas hypothétique
Si l'improbable 3 était vrai, le plus probable alors serait peut-être que le pape tombé dans l'hérésie perde par le fait même sa mission (II,30).
Nota : le fait que Bellarmin considère l’hérésie du pape comme un cas hypothétique (possible, mais guère plausible) ressort nettement du début du chapitre II,30 et de la structure du traité.
[Albert Pighius] soutient que le Pape ne peut être hérétique et en conséquence ne peut être déposé en aucun cas. Cette opinion est probable et facile à défendre comme nous montrerons à sa place [id est au livre IV]. Mais elle n’est pas certaine et l’opinion commune s’y oppose : d’où il vaudra la peine de voir comment il faut répondre si le pape peut être hérétique.
Traduction française de M. John Daly
Comme on le voit, Bellarmin n’étudie pas au chapitre II,30 les raisons pour lesquelles on pourrait penser que le pape peut tomber dans l’hérésie. Il étudie les conséquences rationnelles de cette hypothèse. Et il renvoie au livre IV où, de fait, il ne soutiendra que la thèse probable et pieuse que le pape ne peut tomber dans l’hérésie, ne fût-ce que comme personne particulière.
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