D'abord, la position de l'Eglise sur la peine de mort n'est pas un dogme. En revanche il s'agit d'une position enseignée avec constance par le magistère, qui doit être reçue avec une soumission religieuse de l'intelligence et de la volonté.
Ensuite, l'expression "Tradition vivante" est un pléonasme car une Tradition est forcément vivante, sinon ce n'est pas une tradition. "Vivante" ne signifie pas qu'elle puisse dire une chose à une époque et le contraire à une autre, de même qu'un être vivant ne peut pas être quelque chose à un moment donné de son existence et tout autre chose à un autre moment. Il évolue mais il reste fondamentalement, ontologiquement le même. Un être humain à 5 ans est non pas absolument identique mais le même être à 95 ans, il n'est pas devenu un autre. Il garde ses caractéristiques génétiques, son ADN, son tempérament etc, bien qu'il ait évolué.
Dans le cas qui nous occupe, la modification du catéchisme voulue par François pose deux problèmes:
- d'abord, un problème de fond: le principe n'a pas évolué dans le cadre du caractère vivant de la Tradition, comme le dit Mgr Fisichella, mais le principe a été changé et même complètement inversé: hier l'Eglise admettait la peine de mort, aujourd'hui elle l'estime inadmissible. C'est donc une rupture et non une évolution légitime. Une évolution légitime aurait été de dire: la peine de mort reste théoriquement un principe que l'on ne peut pas exclure totalement, mais l'Eglise encourage les gouvernements à légiférer dans le sens d'une abolition totale.
-le deuxième problème est un problème d'opportunité. En effet, l'admission morale de la peine de mort repose il me semble sur deux motifs: d'abord, pour protéger la société d'individus dangereux qu'il est impossible de mettre hors d'état de nuire par d'autres moyens; mais aussi parce que certains actes sont d'une gravité telle qu'ils font mériter à leur auteur la peine capitale: par exemple, un multirécidiviste ayant commis des crimes violents accompagnés d'actes de barbarie, mais aussi les criminels contre l'humanité. En effet, prenons l'exemple de certains dignitaires SS commandant les Einsatzgruppen pendant la dernière guerre, dont certains étaient directement responsables de l'assassinat de 90 000 ou 100 000 personnes, hommes, femmes, enfants et vieillards. Assurément, de tels individus méritent la peine capitale...
Je conclus avec toutefois cette remarque: il était inéluctable que le christianisme tende vers une abolition complète de la peine de mort, puisque qu'il s'agit d'une religion tout entière fondée sur la condamnation à mort d'un innocent...
Soutenir le Forum Catholique dans son entretien, c'est possible. Soit à l'aide d'un virement mensuel soit par le biais d'un soutien ponctuel.
Rendez-vous sur la page dédiée en cliquant ici.
D'avance, merci !