...de mauvaise foi. Voilà ce qu'est cet article.
Entre les laudateurs impénitents et ceux qui lui vouent une haine aussi farouche qu'irrationnelle, il est difficile de démêler le vrai du faut, et de faire un portrait exact et dépassionné de l'homme du 18 juin.
Cet article est un condensé de sottises. Evidemment, le ballet des hypocrites qui a lieu chaque année sur la tombe du général est scandaleux. Mais il est justement scandaleux parce que toute cette pseudo-élite trahi frontalement, non pas quelques unes, mais la totalité des grandes orientations de ce qui fut le gaullisme.
De Gaulle ne fut ni un saint, ni un homme politique irréprochable, ni la crapule parjure que ces ennemis décrivent. De Gaulle fut un homme d'Etat hors du commun, qui a consacré sa vie au service de son pays, qui a réalisé de grandes et belles actions, et qui a commis également de grandes erreurs et, parfois même, des crimes. Bref, comme tous les grands personnages de notre histoire, dont aucun ne fut parfait, et qui tous eurent leurs part d'ombre et de lumière.
De Gaulle était un homme à la fois hautain, très orgueilleux, souvent cassant, dur et injuste avec son entourage; en même temps, c'était un homme animé d'une foi et de convictions profondes, sachant se reconnaître humble devant Dieu, et proche des faibles et des pauvres. Il était tout cela à la fois.
Il s'est inlassablement battu pour l'indépendance, la liberté et la dignité de son peuple. L'accusation d'avoir bradé le territoire national par la décolonisation est grotesque: toutes les puissances colonisatrices ont dû abandonner leurs colonies; par ailleurs l'Empire colonial n'était pas la France.
L'affirmation "l'Algérie c'est la France" reposait sur un mensonge fondé lui même sur une conception faussement universaliste de la francité née dans le cerveau des idéologues républicains francs-maçons. Non, l'Algérie n'a jamais été française, les algériens n'ont jamais été français et n'ont d'ailleurs jamais été considérés comme tels. La population pied-noire était certes objectivement chez elle (ces gens étaient nés, avaient grandi sur cette terre, l'avaient cultivé et mise en valeur), mais elle était, ne l'oublions pas, largement minoritaire.
Le crime de De Gaulle dans cette affaire n'est pas d'avoir donné son indépendance à l'Algérie, ce qui serait arrivé de toute façon, mais d'en avoir donné les rênes aux criminels du FLN pour se débarrasser de cette affaire au plus vite au lieu de chercher une solution politique permettant le maintien des populations pied-noires sur le sol qui les a vu naître (pour sa défense, on peut rétorquer que cette solution politique n'était qu'une utopie, et que par ailleurs l'attitude de certains pieds-noirs eux-mêmes a peut-être empêché une telle solution d'émerger). Surtout, le crime de De Gaulle est d'avoir abandonné à leur triste sort pieds-noirs et surtout, bien évidemment, les harkis.
Il y a eu là, il faut l'avouer, un cynisme indéniable chez le général, mais beaucoup d'autres chefs d'Etat de notre histoire ont fait preuve d'une attitude comparable.
Les allusions antisémites de Rivarol prouvent que ce torchon est animé par un paganisme antichrétien. En quoi le fait d'être juif et petit-fils de rabbin devrait être un empêchement pour participer au gouvernement de la France? A cela je répondrait avec cette phrase de Pie XI, un pape d'avant Vatican II et par ailleurs peu suspect de modernisme: "nous autres catholiques sommes spirituellement des sémites".
Malhonnête l'argument de la pilule contraceptive de Neuwirth: ce fut une erreur certes, mais qui s'explique par le contexte de l'époque rappelé dans le fil; par ailleurs chacun sait que le général avait des opinions plus que conservatrices sur ces questions, et que le projet de loi avait provoqué chez lui de fortes réticences, qui n'avaient été vaincues qu'en raison de la croyance courante à l'époque en une possible et imminente évolution de l'enseignement de l'Eglise sur ces questions, croyance contredite par la suite seulement par Humanae vitae.
Malhonnête l'accusation selon laquelle la politique gaullienne aurait frayé le chemin au gauchisme: tout le monde sait quelle était l'opinion du général sur cette idéologie. Affirmation gratuite assénée sans le moindre exemple ni preuve, donc sans valeur. Si effectivement certains aspects de cette politique avaient préparé le chemin au modernisme techniciste, cela est dû d'avantage à l'esprit du temps qu'à la personne même du général, qui, quoique'on en dise, était un homme certes ouvert à une légitime nouveauté, mais avant tout profondément traditionnel.
De Gaulle parlait de la République, mais pour lui il s'agissait simplement du régime politique qui convenait à la France dans les circonstances de l'époque; pour lui ce mot ne recouvrait pas l'idéologie ultra-laiciste, droit-de-l'hommiste et maçonnique d'un Peillon ou d'une Najat. Il ne parlait jamais de "valeurs républicaines". De Gaulle était un républicain de raison, qui avait fait sienne cette maxime de Péguy: "la République, c'est notre Royaume de France". De fait, la Ve dans sa version de 1958 est une monarchie républicaine. A Rome, il s'agenouillait devant le Pape et demandait sa bénédiction sur la France. Si, allergique à toute tartufferie, il communiait rarement en public, tous les grands événements de la vie nationale (libération de Paris, réconciliation franco-allemande...) se devaient pour lui d'être célébrés par une cérémonie religieuse, comme sous l'Ancien Régime. On est très loin des élites actuelles, qui refusèrent le deuil national lors du décès de Jean-Paul II, contrairement à Cuba...