Je viens de re-survoler les deux constitutions, cher AVV-VVK, du dernier concile, dont les actes complets remplissent tout juste 50 pages dans ma petite édition manuelle de chez Manz, à Ratisbonne (il ne faut pas être bavard pour être catholique), et j'y lis de la Foi, humanae salutis initium, et de l'Eglise, signum levatum in nationes, qui a le droit et le devoir, jus et officium, de proscrire les fausses doctrines pour que personne ne soit induit en l'erreur. J'y lis d'un épiscopat de fait un et indivisible, pour que l'unité de foi et de communion des fidèles soit garantie. J'y lis du primat apostolique dont la nature même est de proscrire et condamner, proscribere et condemnare, tout ce qui va à l'encontre de la Foi, et j'y lis de la Chaire de l'Apôtre, dont le charisme de foi et de vérité ne fait jamais défaut.
Foi donc et Autorité que personne ne pourrait méprendre ou méconnaître, et en lisant tout cela le doute me vient, que peut-être mon dernier concile ne soit pas le même que le vôtre ...
Il faudrait alors clarifier davantage, mais cela, cher AVV-VVK, risquerait de provoquer sans utilité, même à cette heure tardive, je ne dirai pas ces redoutables Valkyries qui nous surveillent, mais peut-être ces vierges, un peu farouches, et point tout à fait folles, mais avec, hélas, trop peu de l'huile dans leurs lampes, et nous serions point avancés.
Passons donc, si vous le voulez bien, du plan concret au plan abstrait, plus théorique, en rappelant la doctrine multiséculaire et immuable de l'Eglise sur l'obligation de la profession de la foi, car de ça il s'agit ici, doctrine qu'aucun catholique, a fortiori prêtre ou évêque, de surcroît Père conciliaire vrai ou putatif, peut ignorer, sans manquer gravement à ses devoirs d'état, ni remettre en question ou renier en pratique, sans faire naufrage par rapport à sa foi.
Le devoir de professer la foi est, avec tous les moralistes (je suis ici Aertnys-Damen, un classique selon Saint-Alphonse, mais les exemples sont légion), un précepte d'ordre soit divin soit ecclésiastique. Ce dernier (prescrit à certaines occasions par la loi à certaines catégories de personnes) ne nous concerne pas ici.
Le précepte divin est soit négatif, il interdit de renier la foi, toujours, soit positif, il oblige à la professer, de temps en temps, même au péril de la vie.
Le précepte négatif oblige toujours et sans exception, même en danger de mort: il n'est jamais permis de renier la foi, par des paroles ou par des actes, soit explicitement, soit implicitement, soit sérieusement, soit pour rire; il n'est jamais permis de professer une fausse religion, cela revient à nier la vraie. Aucune tergiversation n'est possible. Par conséquent toute participation active et formelle à un culte hérétique ou infidèle revient toujours à un reniement pratique de la foi et entraîne en droit une suspicion d'hérésie.
Le précepte positif est plus nuancé. Il oblige toujours là où l'honneur de Dieu ou le salut du prochain l'exigent. Il n'oblige pas nécessairement si ces conditions ne sont pas remplies.
Quand le silence sur un point de la foi importerait une négation de ce point de la foi (par exemple quand une autorité publique nous interroge sur notre foi) ou un mépris de la religion, ce silence est gravement proscrit. Il faut préserver l'honneur de Dieu.
Le salut du prochain vient toujours là en cause, où le silence donnerait scandale aux fidèles, qui pourraient soit se détourner de la foi, soit être ébranlés dans leur certitude, ou, en revanche, où la confession de la foi pourrait éclairer les mecréants, entraîner des conversions et confirmer ceux qui croient déjà.
Dans tous ces cas il est gravement illicite d'occulter la foi ou de la taire.
A vous maintenant de voir, cher AVV-VVK, si le participant putatif à un concile, surtout oecuménique, et si celui dont l'obligation principale serait selon la parole du Seigneur "de confirmer ses frères dans la foi", peut tergiverser ou pas, s'il peut occulter ou taire une vérité contestée par des hérétiques, sans donner scandale aux fidèles, sans risquer de les détourner de leur foi, ou de les ébranler dans leur certitude sur cette vérité, sans semer le désarroi, sans manquer gravement d'éclairer ceux qui sont dans l'erreur pour les conduire à la vérité.
Demandez-vous, à la lumière de ces principes, si cela est possible sans faire naufrage, sans compromettre sa propre foi et en l'occurrence, l'autorité de docteur et de pasteur.