Mais voilà ma question (qui, effectivement, n'est pas le sujet direct du fil) : tout catholique et lecteur des meilleures références doctrinales en matière de morale et de droit naturel que vous êtes, vous êtes par ailleurs chef d'Etat d'une puissance nucléaire. Face à vous, un régime "aventuriste" doté des mêmes armes, et un leader va-t-en guerre, pour qui la vie humaine n'a aucune valeur et capable d'agir contre ses propres intérêts (bref, un fou) ; et une armée loyale, prête à le suivre par devoir dans sa folie destructrice. En quelques heures, votre ciel se couvre de missiles nucléaires que votre défense ne parvient pas à arrêter. Le mal est fait : les principales villes du pays détruites, des millions de vies anéanties. Mais vos silos de lancement et sous-marins lanceurs d'engins n'attendent que vos ordres. La question est donc : pouvez-vous moralement lancer ces représailles, comme le voudrait la doctrine qui a amené votre pays à ce doter de ces armes, et ajouter à la catastrophe d'autres millions de vies innocentes ?
Mais c'est un vrai cauchemar que vous décrivez !
La réponse à votre question n'est sûrement pas facile, et je ne suis pas sûr d'avoir la bonne, d'autant plus que les décisions, comme dans le cas de notre héros de la Luftwaffe, devront se prendre
in ictu oculi, pour reprendre l'expression de John Daly, sans recul ou presque, sauf qu'ici les conséquences sont beaucoup plus dramatiques que dans le cas des 163 passagers.
D'abord il est licite de se défendre contre l'agression manifestement injuste, et donc d'entrer en guerre défensive, sans plus de formalités.
Licet vim vi repellere.
Mais pour moi il est hors de question d'user des armes nucléaires pour bombarder
sans discernement les villes ennemies en guise de représailles et pour démoraliser le régime ennemi. Ce serait du terrorisme pur et simple, et le terrorisme n'est jamais permis, même pas pour combattre ou arrêter un terrorisme d'autrui.
Il faudra essayer de mettre hors état de nuire les installations militaires nucléaires de l'ennemi, si c'est possible, pour arrêter les attaques.
De façon ciblée, avec des moyens conventionnels d'abord, nucléaires en dernier ressort, ensuite.
Mais dans votre scénario apocalyptique il est hélas assez probable que ces moyens d'attaque auront été détruits par l'ennemi avant de pouvoir être utilisés, il est même probable que votre fameux chef d'État catholique, lecteur assidu de manuels de théologie morale, et son gouvernement n'auront pas survécu aux attaques. Si les "principales villes du pays sont détruites", et s'il y a "des millions de vies anéanties" dans l'espace de "quelques heures", les centres du gouvernement et de décision le seront aussi.
Ce serait un crépuscule des dieux digne du génie de Bayreuth.