... sur cette définition du péché comme étant "une offense à Dieu".
D'abord parce que pour qu'il y ait offense il faut qu'il y ait volonté d'offenser. Or la majorité des péchés qui sont commis ne proviennent pas d'une volonté délibérée d'offenser Dieu mais plutôt des passions qui habitent le coeur de l'homme et qui l'entraînent à commettre des actes peccamineux. Il me semble préférable de dire que le péché nous sépare de Dieu, nous met dans un état incompatible avec le partage de la vie divine: c'est «vivre selon la chair», pour reprendre le vocabulaire paulinien.
Ensuite tout le vocabulaire que suppose la notion "d'offense" -honneur, fierté, dignité, insulte, etc., n'a pas de sens concernant Dieu. Ce sont des realités qui s'appliquent à l'homme. Dieu est l'au-delà de tout et son immensité n'est jamais atteinte par l'iniquité de l'homme, quelqu'il soit. Un grain de sable n'a pas le pouvoir "d'offenser" l'océan.
Pour en revenir au sujet de ce post, le vrai problème est la dissociation -démoniaque à mon sens- entre confession et communion. S'il n'y a pas besoin,non pas d'être digne -on ne l'est jamais-, mais de s'inscrire dans une démarche de conversion pour communier, alors plus rien n'a de sens et c'est le christianisme qui perd toute sa raison d'être, car la conversion est l'axe central de toute la foi chrétienne et la raison d'être de la révélation évangélique.
On peut se poser la question de savoir si cette dissociation ne trouve pas son origine déjà dans la mentalité pré-conciliaire. S. Pie X a préconisé la communion fréquente, mais on peut se demander si dans la mentalité d'alors, le peuple catholique, dressé dans une attitude d'obéissance aveugle à l'autorité, n'a pas pris la préconisation comme une directive à appliquer uniformément et sans en comprendre le sens profond. Tout le monde s'est donc remis à communier tous les dimanches, simplement parce que le pape l'a dit, mais sans comprendre la vie intérieure approfondie et l'esprit de conversion que cela supposait. Apparaît alors une pratique routinière et contraignante des sacrements.
Et là, plusieurs problèmes se posent. D'abord, cela place la conscience des fidèles sous le contrôle étroit des confesseurs (puisque à l'époque communion fréquente = confession fréquente). La nécessaire liberté spirituelle qui doit être celle des fidèles dans ce domaine est donc remplacée par une religion faite de pesantes contraintes sociales, une religion rigide, moralisante, imposée de l'extérieur. Dès lors, pour s'échapper d'un modèle de plus en plus étouffant, il n'y a plus que deux alternatives: soit sortir totalement du système en cessant toute pratique (c'est ce qu'on fait de larges parties de la population dans la première moitié du XXe siècle, notamment la population masculine); soit dissocier totalement confession et communion et réduire cette dernière à être, non plus la nourriture du pénitent converti en marche vers le Royaume des cieux, mais un simple signe de convivialité et de fraternisation humaine. C'est ce qui est arrivé à partir des années 1960.
En réalité dans ce domaine, je pense qu'il faut laisser chaque fidèle libre d'avancer à son rythme, sans lui imposer un modèle uniforme. Parler de "communion fréquente" ou de communion occasionnelle pour toute la population des fidèles n'a pas de sens. Ce qui est bon pour l'un ne sera pas forcément bon pour l'autre. Il y a des personnes pour qui la communion fréquente n'est pas forcément recommandable.
La rigidité enfante le laxisme, tandis qu'une souple fermeté engendre un modèle pastoral qui s'adapte sans se briser. Charge à chaque fidèle, éclairé éventuellement par un père spirituel, à adapter le rythme de pratique sacramentel à son tempérament spirituel, son état de vie, etc.
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