Vous récusez le parallèle avec saint Benoît-Joseph Labre.

Mais où avez-vous vu que Mélanie avait été renvoyée...

- De Castellamare (1884), elle qui est toujours restée en bons termes avec Mgr Petagna ?

- De Messine (1898), où là encore elle est restée en excellents termes avec le chanoine Di Francia ?

- Avec l'abbé Combe (1904), je vous l'accorde, c'est plus complexe, mais ça tient précisément au caractère inquisiteur du tonitruant curé. Il suffit de lire son fameux Journal pour s'en rendre compte.

Or il est à noter que dans chacun des cas que je viens de citer Mélanie Calvat n'a cherché qu'à se faire oublier. C'est par humilité qu'elle quitte Messine, ainsi qu'elle s'en explique dans sa correspondance. Et non sans recommandation. Et elle aussi "s'est fait petit[e] pour expier les péchés des hommes", pour reprendre une belle expression de votre plume, réalité attestée par plusieurs témoignages la concernant.

Bien sûr, on peut décider arbitrairement, comme l'ont fait ceux sur lesquels vous semblez vouloir vous appuyer à tout prix, que cette correspondance et ces témoignages ne sont qu'un tissu de mensonges.

Mais si l'on n'est pas a priori malveillant à son endroit, on peut lui accorder le bénéfice de ne pas être, elle et ses amis, des menteurs patentés. D'autant plus, je le répète, que nous jouissons là-dessus, parmi tous ces amis, du témoignage en sa faveur du chanoine Di Francia.

Alors oui, bien sûr, restent :

- Le renvoi de Corenc en 1854, renvoi imposé par Mgr Ginoulhiac.

- La fuite du carmel de Darlington, où l'avait fait conduire, contre sa volonté, le même Mgr Ginoulhiac.

- Et la fin de sa collaboration avec les Sœurs de ND de la Compassion à Marseille, d'où le départ à Castellamare (1867).

Si l'on embrasse le parti de Mgr Ginoulhiac et de Mgr Place, on conclut en effet en sa défaveur. On aurait pu citer aussi le cardinal Perraud, et l'affaire du testament de l'abbé Ronjon.

Sauf que les évêques auxquels elle aura affaire en Italie (Mgr Petagna, Mgr Zola, Mgr Cecchini) ne la traiteront jamais comme les évêques français précités. Bien au contraire.

Donc si le problème n'était pas du côté de la personnalité de Mélanie, mais du côté de certains évêques français, il n'y aurait là aucune incohérence. Voilà précisément ce que d'aucuns - à la remorque desquels vous avez choisi arbitrairement de vous mettre - ne veulent pas voir.

Pourquoi une telle hostilité à Mélanie de la part de ces évêques français ?

Sans doute en effet à cause du secret, dont Mgr Ginoulhiac connut la teneur dès son accession au siège de Grenoble, via la version de 1851. Au passage, son prédécesseur Mgr de Bruillard avait lui aussi connu la teneur du secret avant de prononcer son mandement du 19 septembre 1851 en faveur du fait de La Salette. Nous avons là-dessus le témoignage des chanoines Rousselot et Gérin.

Et entre parenthèses, la version de 1851 parle déjà de l'antéchrist à naître d'une religieuse (mais il n'est pas ici fait mention d'un évêque pour père). Élément auquel vous réduisez le secret de Mélanie et à qui vous entendre serait décisif pour le rejeter... mais qui n'a nullement suffi à rebuter ni Mgr de Bruillard, ni Mgr Petagna, ni Mgr Zola, ni Mgr Cecchini, ni probablement Pie IX lui-même (cf. le témoignage du chanoine Rousselot, reçu par le Pape).

Donc nous voyons différentes autorités ecclésiastiques divisées au sujet du secret de Mélanie. Et nous voyons que Mélanie Calvat vit en paix en Italie, tandis qu'elle est poursuivie par l'ire de plusieurs évêques de ce côté-ci des Alpes.

Quand on sait que Mgr Ginouilhiac était un bonapartiste bien en cour aux Tuileries et quand on voit comment Napoléon III est présenté dans le secret de Mélanie, le mystère se dissipe bien franchement... pour qui a des yeux pour voir.

Pour ce qui concerne Maximin, je pourrais là aussi faire le rapide résumé de sa vie et de ses pérégrinations, mais puisque ce ne sont là à vos yeux que "détails" négligeables que les faits, et puisque vous avez décidé a priori de porter votre jugement en faisant abstraction des "détails", c'est-à-dire des faits, je ne vais pas m'astreindre à ce travail pour vos beaux yeux.

Quoi qu'il en soit, quiconque a des yeux et connaît la vie de Maximin sait très bien qu'il ne devint ni prêtre, ni religieux parce qu'il doutait à juste titre de sa vocation et ne voulait pas forcer la volonté de Dieu, et parce qu'il avait peu à peu compris - et ce qui est arrivé à Mélanie sous l'autorité de Mgr Ginoulhiac en est l'illustration - qu'il ne pourrait jamais être le témoin de La Salette qu'il croyait devoir être sous la houlette d'un évêque hostile et décidé à le faire taire.

Normalement, avec un minimum de bienveillance, c'est là chose compréhensible par un chacun.

Au passage, je relève votre curieuse conception de la vie chrétienne : là où il n'y a ni mariage, ni "consécration", il n'y a apparemment pas de vertu possible. Je gage que beaucoup apprécieront à sa juste valeur une vue si éclairée et si charitable des choses.

Mais là où votre propos devient franchement comique, c'est lorsque après avoir copieusement insulté la mémoire des deux voyants sur la base d'allégations fausses et mensongères, et qu'on vous a apporté (par exemple au sujet de l'incident d'Ars) des témoignages sourcés, vous prétendez vous draper dans votre pauvre honneur blessé et décrétez du haut de votre mauvaise foi qui semble désormais patente :

- Que votre interlocuteur, c'est-à-dire votre serviteur, ne s'est pas astreint à mener une "discussion de fond" (comment parler de fond vous concernant ? il n'y a pas de fond possible sans appui sur les faits) ;

- Qu'il vous a insultée, c'est-à-dire qu'il a osé vous porter la contradiction et démasquer tout à la fois votre légèreté sans nom et votre incompétence.

Pour ce qui concerne la teneur du secret lui-même, libre à vous de vouloir croire que notre temps ne se prête en aucune façon à des avertissements, à des prophéties de cette nature, qu'ils ne font sens en rien et qu'ils ne peuvent en aucune façon être utiles.

Ce n'était pourtant pas l'avis de saint Pie X qui s'interrogeait publiquement :

"Qui pèse ces choses a droit de craindre qu’une telle perversion des esprits ne soit le commencement des maux annoncés pour la fin des temps et que véritablement l’Antéchrist dont parle saint Paul ne se trouve déjà parmi nous."

Saint Pie X, encyclique E Supremi Apostolatus, 4 octobre 1903.

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