Le Purgatoire est pourtant le paiement d'une dette par Regnum Galliae 2020-03-09 16:14:18 |
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Afin de ne pas opposer contrition et satisfaction, vous risquez de les confondre. Il s'agit bien de deux choses distinctes. La contrition nous évite la peine du dam, mais la satisfaction est le paiement d'une dette.
Voir ici sur la peine temporelle due aux péchés
La pénitence a deux égarements à déplorer, deux désordres à réparer. Elle devra réparer premièrement le désordre par lequel le pécheur a rompu avec le Bien infini. C’est le rôle de la contrition. Elle renie explicitement la séparation passée, elle en souffre ; et ce reniement, qui s’accompagne d’amertume, de tristesse, lui est un premier moyen de la compenser. Elle travaille ainsi à rétablir l’âme dans l’amitié divine. Pourrait-il, en effet, y avoir parfaite réintégration dans l’amitié divine sans le regret de la contrition, à la fois amer et doux, douloureux et apaisant ? Au terme de cette démarche, l’âme a recouvré l’amitié avec Dieu. Sa souillure (macula peccati) est lavée. L’obligation à la peine du dam, infinie en quelque sorte en valeur, en intensité (reatus poenae damni), est annulée. S’il demeure encore une obligation à la peine du sens, finie en valeur, et relevant d’un attachement déréglée aux biens changeants (rectus poenae sensus) cette dette, d’insolvable qu’elle était quand la charité était absente, est devenue solvable ; du même coup, la peine du sens, d’éternelle en durée qu’elle était, est devenue temporelle. La pénitence devra réparer secondement le désordre par lequel le pécheur s’est incliné coupablement vers les biens changeants, s’est en quelque sorte confondu avec eux. Il va falloir en conséquence qu’il se sépare d’eux par le renoncement volontaire et la sainte acceptation des souffrances quotidiennes, afin qu’après avoir trop accordé à son sens propre, il ramène à l’égalité de la justice, grâce à ces privations, ce qu’il avait troublé dans la création. C’est le rôle de la satisfaction volontaire. Contrition et satisfaction, voilà donc les deux formes de la réparation volontaire, les deux voies de la pénitence. Elles sont en droit et abstraitement nettement distinctes, l’une relative à la peine du dam, l’autre à la peine du sens ; mais en fait et concrètement la contrition s’accompagne toujours d’un commencement de satisfaction : elle ne va pas en effet sans douleur volontaire, sans restrictions, sans mortifications, sans pénalités volontaires elles aussi, et par conséquent capables de satisfaire dans une certaine mesure à l’obligation de la peine du sens. Aussi, faut-il dire que plus la contrition sera véhémente, plus aussi la peine qui l’accompagne sera aiguë, la satisfaction considérable, et l’obligation à la peine du sens allégée.
Parfois même la contrition pourra devenir si forte qu’elle provoquera dans le pécheur une amertume, une souffrance assez intenses pour compenser subitement toute la délectation mauvaise trouvée naguère dans le mal, et qu’elle fera jaillir des yeux ces fleuves de larmes dont parle l’Église, capables en un coup « d’éteindre les incendies de flammes mérités par le péché ». Mais ce sont là des conversions miraculeuses comme celle de la pécheresse qui baigne de ses larmes les pieds de Jésus, ou comme celle de saint Paul.
En dehors de ces cas miraculeux où la contrition et la satisfaction, tout en restant distinctes, sont pleinement accomplies simultanément, la douleur annexée à la contrition pourra bien constituer une satisfaction initiale et partielle, mais elle ne pourra pas tenir la place d’une satisfaction ultérieure et rigoureuse.
« Après donc, dit saint Thomas, que l’homme a obtenu la rémission de son péché et qu’il est réintroduit dans la grâce, il demeure obligé à une peine, par la justice divine. S’il entreprend de subir cette peine de plein gré, il satisfait à Dieu, puisque, par son travail et sa souffrance, il retrouve, en se punissant lui-même, l’ordre institué divinement, et qu’il avait transgressé pour suivre sa volonté propre. Mais s’il n’entreprend pas de son chef de subir cette peine, il faudra que Dieu la lui inflige, car ce qui est soumis à la providence divine ne saurait rester toujours désordonné ; la peine alors ne s’appellera plus satisfactoire, puisqu’elle n’a pas été élue par le sujet ; elle s’appellera purificatrice (purgatoria), car le pécheur, par la punition qu’on lui applique, est comme purifié lorsque tout ce qu’il y a en lui de désordonné est ainsi ramené à l’ordre. Aussi l’apôtre dit-il (I Cor., XI, 31) : « Si nous nous examinions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés ; mais le Seigneur nous juge et nous châtie afin que nous ne soyons pas condamnés avec ce monde. » L’obligation de subir une peine subsiste donc après le pardon des péchés. Cette peine doit être subie ici-bas, par libre élection ou par l’acceptation patiente et amoureuse des afflictions de la vie présente, et c’est la satisfaction. Sinon, elle sera subie plus tard sans qu’il y ait choix et alors que son acceptation ne sera plus capable de faire monter dans l’âme le niveau de la charité, et c’est le purgatoire.
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