Messages récents | Retour à la liste des messages | Rechercher
Afficher la discussion

"ne nous abandonnez pas à la tentation"
par jejomau 2019-06-02 09:45:29
Imprimer Imprimer

Le Pape commente l’avant-dernière demande du Pater, véritable croix des traducteurs. Il use d’une traduction personnelle : « ne nous abandonne pas à la tentation », pour éviter des controverses sans fin. On se souvient de la traduction française, qui vient d’ailleurs d’être corrigée : « ne nous soumets pas à la tentation ». Mais la question n’est pas si simple que cela. Trois difficultés se présentent : d’abord, le terme signifie-t-il "tentation" ou "épreuve" ? Ensuite, la négation porte-t-elle sur le fait d’être tenté ou bien sur le fait de ne pas succomber, selon la traduction française commune jusqu’à une date récente ? La troisième difficulté réside dans le verbe lui-même qui pose un grave problème théologique, dans la mesure où il semble faire de Dieu l’auteur même de la tentation. Saint Jacques met en garde les premiers chrétiens devant devant une interprétation abusive des permissions divines sur le mal... (La suite sur l'Homme Nouveau)




Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous poursuivons la catéchèse sur le «Notre Père», en arrivant désormais à l’avant-dernière invocation: «Ne nous soumets pas à la tentation» (Mt 6, 13). Une autre version dit: «Ne nous laisse pas entrer en tentation». Le «Notre Père» commence de manière sereine: il nous fait souhaiter que le grand projet de Dieu puisse s’accomplir parmi nous. Ensuite, il jette un regard sur la vie, et nous fait demander ce dont nous avons besoin chaque jour: notre «pain quotidien». Puis la prière s’adresse à nos relations interpersonnelles, souvent entachées d’égoïsme: nous demandons le pardon et nous nous engageons à le donner. Mais c’est avec cette avant-dernière invocation que notre dialogue avec le Père céleste entre, pour ainsi dire, dans le vif du drame, c’est-à-dire sur le terrain de la confrontation entre notre liberté et les pièges du malin.

Comme on le sait, l’expression originale grecque contenue dans les Evangiles est difficile à rendre de manière exacte, et toutes les traductions modernes sont un peu «boiteuses». Nous pouvons cependant converger sur un élément de manière unanime: quelle que soit la manière dont on comprend le texte, nous devons exclure le fait que Dieu est le responsable des tentations qui pèsent sur le chemin de l’homme. Comme si Dieu lui-même était aux aguets pour tendre des pièges et des guets-apens à ses enfants. Une interprétation de ce genre est tout d’abord en contraste avec le texte lui-même, et elle est loin de l’image de Dieu que Jésus nous a révélée. N’oublions pas: le «Notre Père» commence par «Père». Et un père ne tend pas des pièges à ses enfants. Les chrétiens n’ont pas affaire avec un Dieu envieux, en compétition avec l’homme, ou qui s’amuse à le mettre à l’épreuve. Ce sont là les images de nombreuses divinités païennes. Nous lisons dans la lettre de Jacques apôtre: «Que nul, s’il est éprouvé, ne dise: “C’est Dieu qui m’éprouve”. Dieu en effet n’éprouve pas le mal, il n’éprouve non plus personne» (1, 13). C’est plutôt le contraire: le Père n’est pas l’auteur du mal, à aucun enfant qui demande un poisson il ne donne un serpent (cf. Lc 11, 11) — comme Jésus l’enseigne — et quand le mal se présente dans la vie de l’homme, il combat à ses côtés, pour qu’il puisse en être libéré. Un Dieu qui combat toujours pour nous, non contre nous. C’est le Père! C’est dans ce sens que nous prions le «Notre Père».

Ces deux moments — l’épreuve et la tentation — ont été mystérieusement présents dans la vie de Jésus lui-même. Dans cette expérience, le Fils de Dieu est entièrement devenu notre frère, d’une manière qui est presque un scandale. Et ce sont précisément ces passages évangéliques qui nous démontrent que les invocations les plus difficiles du «Notre Père», celles qui terminent le texte, ont déjà été exaucées: Dieu ne nous a pas laissés seuls, mais en Jésus, il se manifeste comme le «Dieu avec nous», jusqu’aux conséquences les plus extrêmes. Il est avec nous quand il nous donne la vie, il est avec nous au cours de la vie, il est avec nous dans la joie, il est avec nous dans les épreuves, il est avec nous dans la tristesse, il est avec nous dans les défaites, quand nous péchons, mais il est toujours avec nous, parce qu’il est Père et ne peut pas nous abandonner.

Si nous sommes tentés d’accomplir le mal, en refusant la fraternité avec les autres et en désirant un pouvoir absolu sur tout et tous, Jésus a déjà combattu cette tentation pour nous: les premières pages de l’Evangile en attestent. Immédiatement après avoir reçu le baptême de Jean, au milieu de la foule des pécheurs, Jésus se retire dans le désert et est tenté par satan. C’est ainsi que commence la vie publique de Jésus, par la tentation qui vient de Satan. Satan était présent. Beaucoup de gens disent: «Mais pourquoi parler du diable qui est une chose antique? Le diable n’existe pas». Mais regarde ce que t’enseigne l’Evangile: Jésus a été confronté au diable, il a été tenté par satan. Mais Jésus repousse toute tentation et il en sort victorieux. L’Evangile de Matthieu a une note intéressante qui termine le duel entre Jésus et l’Ennemi: «Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient» (4, 11).

Mais également au temps de l’épreuve suprême, Dieu ne nous laisse pas seuls. Quand Jésus se retire pour prier au Gethsémani, son cœur est envahi par une angoisse indicible — c’est ce qu’il dit aux disciples — et Il fait l’expérience de la solitude et de l’abandon. Seul, avec la responsabilité de tous les péchés du monde sur ses épaules; seul, avec une angoisse indicible. L’épreuve est tellement déchirante qu’il se produit quelque chose d’inattendu. Jésus ne mendie jamais d’amour pour lui-même, pourtant au cours de cette nuit, il sent son âme triste à en mourir, et alors il demande la proximité de ses amis: «Demeurez ici et veillez avec moi!» (Mt 26, 38). Comme nous le savons, les disciples, alourdis par une torpeur causée par la peur, s’endorment. Au moment de l’agonie, Dieu demande à l’homme de ne pas l’abandonner, et en revanche l’homme dort. Au moment où l’homme connaît son épreuve, Dieu en revanche veille. Dans les moments les plus durs de notre vie, dans les moments de plus grande souffrance, dans les moments les plus angoissants, Dieu veille avec nous, Dieu lutte avec nous, il est toujours proche de nous. Pourquoi? Parce qu’il est Père. C’est ainsi que nous avons commencé la prière: «Notre Père». Et un père n’abandonne jamais ses enfants. Cette nuit de douleur de Jésus, de lutte, est le dernier sceau de l’Incarnation: Dieu descend pour nous rencontrer dans nos abîmes et des les tribulations qui parsèment l’histoire.

C’est notre réconfort à l’heure de l’épreuve: savoir que cette vallée, depuis que Jésus l’a traversée, n’est plus désolée, mais qu’elle est bénie par la présence du Fils de Dieu. Lui ne nous abandonnera jamais!
Eloigne donc de nous, ô Dieu, le temps de l’épreuve et de la tentation. Mais quand ce temps arrivera pour nous, Notre Père, montre-nous que nous ne sommes pas seuls. Tu es le Père. Montre-nous que le Christ a déjà pris sur lui également le poids de cette croix. Montre-nous que Jésus nous appelle pour la porter avec Lui, en nous abandonnant avec confiance à ton amour de Père. Merci.

PAPE FRANÇOIS (AUDIENCE GÉNÉRALE) - Place Saint Pierre - Mercredi 1er mai 2019



     

Soutenir le Forum Catholique dans son entretien, c'est possible. Soit à l'aide d'un virement mensuel soit par le biais d'un soutien ponctuel. Rendez-vous sur la page dédiée en cliquant ici. D'avance, merci !


  Envoyer ce message à un ami


 "ne nous abandonnez pas à la tentation" par jejomau  (2019-06-02 09:45:29)
      Oui! par Miserere  (2019-06-02 10:00:38)
          Jusqu’où étendez-vous la notion par XA  (2019-06-02 10:14:57)
              Effectivement! par Miserere  (2019-06-02 11:35:00)
      Et pourtant , la traduction latine est très précise ! par Minger  (2019-06-02 17:57:00)
      Tout compliquer par Mingdi  (2019-06-02 18:38:23)
          Notre Père en espagnol par Mingdi  (2019-06-02 18:51:53)
              D'une langue à l'autre... par Quodvultdeus  (2019-06-02 23:46:31)
                  Exactement! par Eudoxie  (2019-06-03 07:59:51)
                  Ce n'était pas un jugement de valeur par Mingdi  (2019-06-03 12:04:43)
      Une autre explication par Luc de Montalte  (2019-06-02 23:04:41)


95 liseurs actuellement sur le forum
[Valid RSS]