... sur ce point.
L'homme moderne (qui est un dégénéré sur le plan spirituel, j'en suis convaincu) a tendance depuis plusieurs siècles à réduire l'esprit à la capacité rationnelle, l'amputant de sa dimension... spirituelle (ce qui est un comble).
En réalité, il me semble que dans une optique traditionnelle et chrétienne, la capacité rationnelle n'est qu'une partie -et pas la plus importante- de l'esprit. En réalité, l'esprit désigne cette faculté que Dieu a mis dans l'homme pour se retourner vers son Créateur, le chercher et entrer en communion avec Lui. Sans esprit, l'homme n'est qu'un animal comme les autres. Or une mouche, ou un chien, et même un singe ne se retournent pas (conversio, conversion) pour contempler l'univers et le Créateur, mais ils suivent leurs instincts naturels; à la rigueur sont-ils capables comme le singe d'un certain bon sens pragmatique, mais ils ne sont capables ni de science, c'est à dire cette capacité à connaître l'univers indépendamment de ses besoins immédiats, ni à proprement parler de spiritualité, c'est à dire d'entrer dans une relation intime avec le Créateur.
Pour résumer très grossièrement, je dirai que l'esprit humain est l'addition de la raison et de l'aptitude à la spiritualité (= capable de la foi) qui sont, comme le disait Saint Jean-Paul II, les deux ailes qui permettent à l'esprit humain de contempler la Vérité (= Dieu):
Fides et Ratio binae quasi pennae videntur quibus veritatis ad contemplationem hominis attollitur animus.
On remarquera que le mot latin de "l'esprit humain" est animus; il y a donc une ambiguité -potentiellement source de confusion- sur ce terme, mais j'y reviendrai.
Il faut noter que les Anciens ne séparaient pas nettement l'activité rationnelle de l'activité spirituelle comme nous le faisons.
Je dirai donc que l'esprit est à la fois:
- ce qui fait de l'homme une créature à l'image et à la ressemblance de Dieu, le distinguant du reste du règne animal, car Dieu est esprit;
-ce qui rend l'homme capax Dei (Saint Augustin), capable de Dieu, c'est à dire capable d'entrer en communication avec son Créateur.
C'est pour cela que les débats actuels au cours desquels les scientifiques et les chercheurs réalisent petit à petit que ni l'habileté manuelle ni la mise en oeuvre d'un bon sens pragmatique ne peuvent distinguer l'homme de l'animal me font beaucoup rire: en réalité, sans spiritualité véritable (dont la rationalité n'est qu'une composante), effectivement rien ou pas grand chose ne distingue réellement l'homme de l'animal. Puisque l'un comme l'autre ont un corps et une "âme".
Evidemment, avec le péché originel, cette capacité a été considérablement affaiblie et obscurcie. D'où la nécessité de la Rédemption apportée par le Christ, nouvel Adam, qui nous recréé et nous rétabli dans l'amitié divine. On notera que certes l'Eglise naît du jaillissement de l'Eau et du Sang du côté du Crucifié au Golgotha (jaillissement que toute la Tradition a compris comme la préfiguration du Baptême et de l'Eucharistie), mais n'est véritablement parachevée qu'au moment de la Pentecôte, c'est à dire au moment où le Corps Mystique du Christ reçoit l'Esprit de Dieu. On voit donc que même la création de l'Eglise, tout comme le sacrifice eucharistique, suit le schéma ternaire corps-âme-esprit qui présida déjà à la Création primordiale.
La difficulté de l'emploi du mot "âme" est un problème de traduction et de sémantique: souvent, lorsqu'on lit "âme", il faut comprendre en réalité "esprit" (car l'esprit se traduit en spiritualité; l'âme, en... animalité!). Il y a un certain flou sur ce point car, comme on l'a vu avec l'encyclique de Jean-Paul II, animus se traduit en réalité dans ce contexte par "esprit humain".
Cependant la confusion dans les termes ne change rien au fait que l'esprit et l'âme sont des réalités bien distinctes.
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