Les enjeux sont doubles, sur la forme et sur le fond.
Sur la forme, c'est une faute morale pour un dirigeant, quel qu'il soit, de prendre une décision grave sans prendre l'avis de conseillers compétents, et il y en a de nombreux à la Curie. Et dans le cas qui nous occupe, c'est une faute que d'avoir pris une telle décision sans entendre tous les avis qui avaient été pourtant sollicités pour le prochain synode.
Le dirigeant peut finalement décider contre la majorité, comme l'a fait le bienheureux Paul VI pour Humanae Vitae. Mais avoir entendu les avis contraires au sien permet au décideur d'argumenter avec davantage de précision, d'expliquer mieux, de savoir jusqu'où il peut aller.
Je vous invite à lire ou relire les passages de la règle de Saint Benoît qui traitent du rôle du Père Abbé, et puisque vous êtes chevalier, ne manquez pas d'aller lire dans Joinville comment Saint Louis a tenu conseil devant Saint Jean d'Acre.
Sur le fond, et cela découle du non respect de la forme, la nouvelle discipline ne prend pas les moyens d'arriver à une certitude morale suffisante pour se prononcer.
Nous sommes bien d'accord qu'un nombre très grand de mariages célébrés à l'église sont nuls. Mais il ne s'agit pas ici de statistiques. Il s'agit de savoir si tel mariage précis est nul. Pour cela il faut une double sentence.
Avec une seule sentence, rendue au plus près des personnes concernées, on a la certitude que dans un grand nombre de cas il y aura influence sur le juge. La pensée qu'un autre que lui allait juger après lui aidait jusqu'ici le juge de proximité à argumenter sérieusement. Ce verrou disparaît.
De plus donner tout pouvoir aux évêques en la matière va pousser très probablement les évêques allemands à accorder un maximum de reconnaissances de nullité afin de continuer à encaisser l'impôt ecclésiastique : leur impartialité est sujette à caution.
Du coup on manque de miséricorde envers ceux qui demandent qu'on vérifie la validité ou l'invalidité de leur mariage : car bon nombre d'entre eux auront toujours un doute, ce qui n'était pas le cas avec le sérieux de la procédure ancienne.
Enfin, si le Pape avait davantage pris conseil, on aurait pu l'alerter sur certaines conséquences médiatiques de son geste. C'est un fait, celui-ci apparaît à beaucoup comme une légitimation du divorce. Donc cela va brouiller encore davantage les idées des fiancés qui demandent le mariage à l'Eglise et par conséquent risque d'augmenter le nombre des mariages invalides.
VdP
Soutenir le Forum Catholique dans son entretien, c'est possible. Soit à l'aide d'un virement mensuel soit par le biais d'un soutien ponctuel.
Rendez-vous sur la page dédiée en cliquant ici.
D'avance, merci !