Bonjour à tous!
Nouveau membre du forum catholique, permettez moi de me présenter brièvement. Catholique ayant connu exclusivement la forme ordinaire durant mon enfance, et ayant découvert le rite de Saint Pie V lors de mes études en région parisienne il y a quelques années, j'assiste très régulièrement à la messe célébrée selon le rite de 1962, rite que j'apprécie énormément.
Cependant, je considère que le rite de 1969, s'il offre plus de variantes et de souplesse, n'exprime pas moins la foi catholique que le VOM, pour peu qu'il soit fidèlement célébré, ce qui est rarissime en France aujourd'hui; je considère également que la situation de la liturgie juste avant le Concile rendait nécessaires les réformes qui ont eu lieu (je parle de celles initiées par les textes conciliaires et les Papes, et non les malheureuses innovations ayant eu lieu sur le terrain).
Sur le site "Pro Liturgia" on trouve l'analyse suivante, que j'estime pertinente:
"Certains fidèles de la mouvance “traditionaliste” la plus dure - parmi eux, ceux qui refusent obstinément la forme “ordinaire” de la liturgie, même quand elle est impeccablement célébrée - font du concile Vatican II la source de la crise que traverse l’Eglise ces dernières années. Crise qui, d’ailleurs, n’est pas sur le point de se terminer, il faut le reconnaître.
Rappelons-leur ici qu’aucun concile, Vatican II pas plus que Trente - le “concile de référence” de ces “traditionaliste” - n’a pu rendre, comme par miracle, les fidèles plus pieux et les clercs plus disciplinés. Les problèmes que traversent l’Eglise ne datent ni des conciles en général, ni de Vatican II en particulier : il suffit de lire certains passages de S. Paul pour s’en convaincre.
Il y a eu - et il y a - de gros problèmes après Vatican II ? Personne ne peut le nier.
Mais il y a eu au moins autant de problèmes après Trente. Le concile de Trente, en effet, n’a pas empêché qu’il y ait des évêques de cours qui passaient plus de temps dans les salons en galante compagnie que devant le tabernacle ; n’a pas empêché qu’il y ait des religieux et des religieuses - des communautés entières ! - dont la vie était notoirement dissolue (souvenons-nous de l’état général des monastères au moment où Mère Marie-Angélique Arnauld, toute jeune, est nommée abbesse de Port-Royal) ; n’a empêché ni le gallicanisme, ni le joséphisme, ni le jansénisme de gagner nombre de clercs ; n’a pas empêché qu’une partie du clergé français jure fidélité à la Constitution civile du clergé... etc. Quant à la liturgie, n’oublions pas que le missel dit “de S. Pie V”, réformé à la suite de Trente et rendu obligatoire pour les fidèles relevant du rite romain, n’a pour ainsi dire jamais été suivi avant le... XIXe siècle ! Dans beaucoup de diocèses de France, il était remplacé par des “missels diocésains” s’inspirant du missel de S. Pie V mais qui contenaient de nombreuses prières à la théologie douteuse...
N’oublions pas non plus que le chant grégorien que nous entendons aujourd’hui - quand on a cette chance ! - relève d’une interprétation qui ne date que du début du XXe siècle. Ce grégorien-là, S. Pie V ne l’a jamais entendu... pas plus que les fidèles des XVIIe, XVIII et XIXe siècles ! Pour que la liturgie romaine voulue par S. Pie V existe et que le chant qui y est associé puisse y avoir sa place, il faudra attendre Dom Guéranger et S. Pie X.
C’est-à-dire le “retour” à ce qui avait été décidé à Trente et qui était oublié de longue date.
Or on n’entend jamais dire que ces crises successives furent le fruit du concile de Trente.
Il faut enfin dire un mot au sujet de la messe dite “de Paul VI”.
Il y a encore des “traditionalistes” intransigeants qui soutiennent que cette messe est “hérétique”, “protestante”... Et qui, pour appuyer leur propos, ressortent régulièrement le “Bref examen critique du nouvel Ordo Missae” des Cardinaux Ottaviani et Bacci. Réglons rapidement cette question du “Bref examen” : les mises au point ont été faites ; les Auteurs de cet opuscules s’en sont félicités et ont célébré la messe... “de Paul VI”. Sans devenir hérétiques ni perdre la foi du jour au lendemain. Ite missa est.
La “messe de Paul VI” est-elle protestante, comme on l’entend dire parfois ?
Depuis 50 ans, on n’a jamais vu un pasteur protestant la célébrer. Et pour cause : le fidèle qui parcours ce missel voit tout de suite qu’il y est question du “sacrifice” de la messe (c’est en toutes lettres à plusieurs reprises), de l’intercession de la Vierge Marie et des saint(e)s, et de l’Eucharistie qui est toujours célébrée en union avec le pape et les évêques. Si donc un pasteur protestant se mettait à dire ces paroles en célébrant la Cène, cela signifierait simplement qu’il est en train de devenir... catholicisme.
La “messe de Paul VI” est-elle une “nouveauté” ? Une fabrication du Concile ? Une invention de Paul VI ? Pour le savoir, il suffit d’aller dans une bibliothèque et de consulter les missels manuscrits d’avant le concile de Trente. On en possède : certains datent des XIe, XIIe, XIIIe siècles. Et là, on constate que l’Ordo Missae qu’ils proposent est, à quelques détails près, identique à celui du missel restauré à la suite du Concile. Les différences sont minimes. Mieux encore : ce que proposent ces missels médiévaux est à quelques nuances près la liturgie actuellement célébrée par les Chartreux et qui, du fait de son histoire, est plus “romaine” que la liturgie qu’on appelle aujourd’hui “romaine”. Donnons quelques exemples de cette liturgie cartusienne proche de l’actuelle liturgie romaine :
- prières au bas de l’autel réduites au signe de la Croix et à deux versets prêtre/servants ;
- le “Confiteor” est le suivant : Confiteor Deo omnipotenti, et Beatae Mariae et omnibus Sanctis, et vobis fratres, qui a peccavi nimis mea culpa per superbiam, cogitatione, opera et omissione, precor vos orate pro me.
- l’offertoire comporte lui aussi des prières très réduites et bon nombre d’oraisons qui sont dans le “missel de S. Pie V” ne s’y trouvent pas.
On voit donc que le “Missel de Paul VI” n’est pas hérétique. Ou s’il l’est, bien d’autres missels utilisés avant lui durant des siècles l’ont été eux aussi. Il n’est aucun théologien sérieux, aucun historien sérieux pour soutenir de telles idées.
Songeons à tous les monastères cisterciens et bénédictins où l’on célèbre quotidiennement la messe avec le “missel de Paul VI” depuis bientôt un demi-siècle : les moines qui y sont ont-ils perdu la foi ?"
Mon objectif est d'ouvrir un débat qui doit aboutir à une unité toujours plus grande entre les catholiques, unité de foi débouchant sur une unité dans la liturgie...