Ce n'est certes pas pour des raisons qui relèvent purement et simplement de l'intérêt national que l'Assemblée législative, le 20 avril 1792, vota la déclaration de guerre contre "le roi de Bohême et de Moravie" (entendez l'empereur François II du Saint-Empire).
Il est avéré que les Brissotins ont voulu et obtenu une guerre pour défendre la Révolution (contre la déclaration des souverains européens à Pillnitz) et l'étendre hors des frontières de la France. Mais en sens contraire - et également pour des raisons idéologiques - les Montagnards (et notamment Robespierre) ne voulaient pas la guerre (à ce moment là).
Donc ne vous en déplaise, les guerres de la Révolution ont commencé comme des guerres idéologiques. Elles ont aussi revêtu par moment des enjeux purement "nationaux" (au sens d'intérêt national). Il n'en demeure pas moins, même dans leurs prolongements napoléoniens, qu'elles ont toujours conservé cette dimension idéologique. Voyez l'abolition de l'Ancien Régime sous les bottes de l'armée républicaine, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Italie... Voyez l'établissement des Républiques-sœurs.
Voyez les campagnes napoléoniennes en Espagne. Pour Napoléon, il s'agit non seulement de lutter contre le Blocus anglais, mais encore d'abolir les institutions espagnoles jugées "rétrogrades", à l'aune des Lumières. C'est tellement vrai que lors du bicentenaire du Dos de Mayo, il s'est trouvé des "intellectuels de gauche" en Espagne pour regretter publiquement la défaite napoléonienne dans leur pays.
Et personnellement, quand je visite l'Espagne, je ne me sens pas particulièrement fier et solidaire des exactions perpétrées par les armées de Napoléon, notamment les profanations des sanctuaires et des cloîtres pratiquées à une telle échelle qu'on ne peut pas invoquer les seuls débordements tristement habituels aux armées en campagne pour en rendre compte.
Et si l'on veut parler non pas en termes de "guerre civile", mais de pur et simple intérêt national, il est clair comme le jour que ce dernier était en 1814-1815 du côté de Louis XVIII et de cette vieille canaille de Talleyrand. Pas du côté de l'ogre corse, qui après avoir saigné à blancs ses grognards et ses Marie-Louise, a commis l'action criminelle de s'en retourner de l'île d'Elbe afin de remettre le couvert et de perdre à Waterloo la plupart des seuls acquis territoriaux réellement justifiables que les souverains européens avaient eu le bon goût de laisser à la France en 1814.
Pour ce qui est de la "droite nationale" et du souci de l'intérêt national, merci d'avoir tout de même mentionné Charles Maurras. On voit mal comment on pourrait honnêtement accuser l'auteur de Kiel et Tanger (et ses disciples) d'être en tout et pour tout oublieux en la matière !
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