Pardonnez-moi d'abord d'apporter quelques rectifications à vos définitions, en tant que professionnel de la protection du secret civil et militaire (je devrais vendre des prestations dans les instituts catholiques, en ce moment, moi !) :
La confidentialité n'a rien à voir avec la notion de "timbre apposé sur un document". (vous confondez peut-être avec le marquage des documents classifiés au sens de l'IGI-1300 (protection du secret de la défense nationale) en France, par exemple ?)
C'est par définition internationale (ISO) :
« le fait de s'assurer que l'information n'est seulement accessible qu'à ceux dont l'accès est autorisé ».
Voici une autre définition plus parlante tirée de l'IGI-901 concernant la protection des informations sensibles non classifiées de défense (France encore) :
La confidentialité, c'est-à-dire le caractère réservé d'une information dont l'accès est limité aux seules personnes admises à la connaître pour les besoins du service
Autrement dit, la confidentialité est indissociable de la notion de "besoin d'en connaître"... Ensuite, comme le souligne encore l'IGI-901, il est impossible de fixer à priori les critères de confidentialité d'une information, donc de définir par catégories celles qui auront besoin de protection.
Le caractère personnel est un des domaines possibles prévus par les lois, bien sûr, mais aussi les risques pour "
le secret des délibérations des autorités responsables relevant du pouvoir exécutif" ; "
le déroulement des procédures engagées devant les juridictions ou d'opérations préliminaires à de telles procédures"... et de nombreux autres cas dans lesquels il y a un grave inconvénient à divulguer certaines informations.
Or précisément, dans le cas de la divulgation de ces lettres, il y a de nombreux inconvénients, par exemple :
- des délibérations et des procédures sont en cours, qui ne regardent que le "pouvoir exécutif" de la Fraternité, et pas vous et moi, si grande que soit notre curiosité. Et ce genre de publication pourrait largement avoir comme effet, voire comme but, de les parasiter. Ne peut-on y voir des pressions, ou même un chantage au risque de dissidence ?
- des échanges de point de vue doivent avoir lieu entre les personnes concernées (et je veux bien y inclure prêtres et évêques de la FSSPX qui ne sont pas membres de grand conseil, ce qui est déjà une concession "moderne"), mais sans forcément être rendus publics. Une telle publication a pour effet de rendre compliqués les compromis futurs entre positions divergentes : chacun risque de se sentir obligé de s'enfermer sur des positions. Là encore, est-ce cela le but recherché ? Radicaliser les débats...
Vous parlez enfin de la transparence comme "le seul moyen" d'éviter toute dérive sectaire ? Est-ce à dire que l'Eglise n'évite pas les dérives sectaires, avec le
secret des votes au Conclave, entre autres secrets bien gardés dans les caves du Vatican (par le vrai Paul VI !) jusqu'au moment opportun.
La transparence totale comme le prétendu "droit" à l'information, sont des inventions révolutionnaires qui vont à l'encontre de la relation d'ordre voulue par Dieu pour les sociétés humaines confiées à des chefs. Vous ne voudriez pas aussi
un vote démocratique des fidèles pour décider ce que Monseigneur Fellay et Benoît XVI devraient signer ?
La clé de la confidentialité, c'est le "besoin d'en connaître", et il reste à démontrer que le grand public a le besoin de connaître les termes employés par ces évêques dans leurs échanges privés, au delà des positions que nous connaissions déjà en gros, comme le souligne ailleurs Luc Perrin.
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